• En attendant Noël... J-17... Bonne Journée...

    En Attendant Noël... J-17... Bonne Journée...

    Quelques mots, d'amour, de tendresse, entre des enfants, des parents, des amis, des mots doux, forts, de joie ou triste... des mots de nous...

     

    une semaine de lettres trouvés sur le net, des lettres...  en attendant Noël...

     

    bises de Véro, bonne visite et bonne journée...

    Il y a des récits parfois qu'on écrit avec les mains...
    D'autres avec le cœur.
    Et, comme celui ci, avec des larmes, les miennes,
    car il s'agit de moi...
    de ma vie...

      

    Lettre à mon père...  

     

     Te souviens-tu papa de moi quand j'étais enfant......Te souviens-tu papa de mon petit cœur d'enfant
    qui était si fragile....
    Te souviens-tu papa de celui de mes frères et sœurs... Te souviens-tu papa de ce qu'a été notre enfance....
    Te souviens-tu papa des pleurs et des cris
    qui résonnaient dans la maison...
    Te souviens-tu papa des pleurs de notre mère,
    la pauvre, dont les cris et les larmes
    nous transperçaient le cœur quand tu la battais........
    Te souviens-tu papa de tes enfants qui te suppliaient de cesser à coup de cœurs meurtris et déchirés...
    à grands flots de larmes et d'incrédulité...
    Te souviens-tu papa des trottoirs gelés sur lesquels je m'enfuyais pied nus pour aller chercher les policiers afin qu'ils te calment...
    Te souviens-tu de l'immense boule que j'avais dans l'estomac quand ils repartaient et que tu t'en prenais à un gamin de moins de cinq ans... à mes frères, des bébés,
    et à mes sœurs effrayées....
    Te souviens-tu papa des soirs d'hiver où nous devions se terrer sous les lits et dans les placards
    le temps que tu cuves ta bière et ta violence....
    Te souviens-tu papa des coups de pieds et des coups de poing que tu donnais à notre mère qui, que Dieu la garde, devait te servir, toi le roi des pères et les six enfants qu'elle chérissait...
    Te souviens tu papa d'avoir si souvent bu
    pour être ce que tu étais...
    Te souviens-tu papa de la fois où les médecins t'ont enfermé pour une dépression, supposément... et que moi, ma sœur aînée et ma sœur cadette, avions été placés a Louiseville
    sur une ferme.....
    Te souviens-tu papa des mauvais traitements
    que nous avons reçus à cet endroit...
    Te souviens-tu du fouet que je recevais
    souvent sans raison et de mes sœurs qui pleuraient...
    Te souviens-tu papa de la déchirure que ça a causé à notre pauvre mère quand des travailleurs sociaux lui ont enlevé ses trois plus jeunes... ses amours de petits anges dont le cœur avait été broyé à jamais par la violence que tu avais et l'alcool que tu buvais...
    Te souviens-tu papa que ta propre mère,
    notre grand-mère, était venue nous chercher
    pour nous ramener à Montréal.
    Te souviens-tu papa de ta supposée guérison quand tu étais
    revenu toi aussi avec maman... à la maison...
     
     

     

     te souviens-tu
    que tu n'était pas guéri.. te souviens-tu que tout avais
    recommencé sans que rien n'ait changé...
    Te souviens-tu papa que des enfants qui voient leur mère
    pleurer et battue ont à jamais des blessures sur le coeur
    qui ne cicatriserons qu'a leurs décès.

    Te souviens-tu papa de mon adolescence, quand j'avais seize ans et que j'ai mis six balles dans ma carabine et que je l'ai placée dans un coin de ma chambre parce que je voulais en finir avec toi cette soirée là.....

    Oui papa, moi je me souviens être rendu si brimé dans ma vie et avoir eu un si grand désespoir qui me suivait depuis ma naissance que ce soir-là j'ai voulu en finir avec toi et que je voulait te tuer...Un fils qui tue sont père...quel gâchis de la vie...quelle bêtise.

    Savais-tu papa que ce soir là quand j'ai eu seize ans et quand tu as voulu t'en prendre à maman encore une fois et que je t'ai dis de prendre la porte en donnant un violent coup de poing sur la table que, si tu ne sortais pas, je t'aurais probablement abattu de six balles.....

    Savais-tu papa que Dieu existe parce que si je ne l'ai pas fait il n'y a que lui qui pouvait m'en empêcher.

    Savais-tu papa qu'après ton départ de la maison maman est devenue un être humain et non une bête....

    Savais-tu papa à quel point tu as pu nous détruire maman et nous et laisser des marques qui me brûlent encore aujourd’hui... mes frères et sœurs sûrement aussi.......

    Savais-tu papa que, quand maman est morte il y a un dizaine d'années, que j'ai pleuré parce que je la perdais mais aussi que j'ai versé des larmes de joie parce que, sans nul doute, elle était enfin été libérée de cette vie misérable qu'elle a connue...

    Ce que tu ne sais pas papa c'est qu'en février, quand j'ai été te voir à l'hôpital et qu'un grave cancer te grugeait, que j'ai eu de la pitié pour toi et de la compassion...

    Ce que tu ne sais pas papa c'est que, ce soir là, je t'ai tout pardonné car je n'ai pas le pouvoir de te condamner.. je n'ai que la force d'aimer... celle que Dieu veut bien me donner...

    Savais-tu papa qu'à ta mort je n'ai pu verser de larmes...

    C'est que vois-tu papa...
    j'en ai peut-être trop versées quand j'était petit...

    Sans rancune Papa.......

    Je t'aime maman......

    André Julien, octobre 2001...

                            

     


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