• (toutes les images on été trouvées sur le net)...

      

    en vous souhaitant une belle journée, je vous offre un

    Conte amérindien,

    Bises de Véro...

     

     

    comment le ciel est devenu grand…

     

    C'était il y a longtemps, lorsque le ciel était trop bas.
    Il était si bas qu'il n'y avait pas de place pour les nuages.
    Il était si bas que les arbres ne pouvaient pas pousser.
    Il était si bas que les oiseaux ne pouvaient pas voler. S'ils
    essayaient, ils se cognaient aux arbres et aux nuages.

    Mais ce qui était plus pénible encore, c'était que les hommes
    adultes ne pouvaient pas se tenir debout, bien droits comme
    leurs corps le leur demandaient. Ils devaient marcher tout
    penchés, en regardant leurs pieds et ne voyaient pas où ils
    allaient.

    Les enfants ne connaissaient pas ce problème. Ils étaient
    petits, ils pouvaient se lever aussi droits qu'ils le souhaitaient.
    Ils ne marchaient pas en regardant leurs pieds et pouvaient
    voir où ils allaient.

    Ils savaient par contre qu'un jour, ils deviendraient des adul-
    tes et qu'ils devraient marcher tout penchés en regardant
    leurs pieds à moins que quelque chose ne se passe.

    Un soir, tous les enfants se réunissent et décident de relever
    le ciel. Les quelques adultes qui les écoutent rient sous cape
    mais soudain, ils voient les enfants lever de longs poteaux
    vers le ciel. Un, deux, trois, quatre...
    Un cri énorme retentit UUU-UHHHH ! Mais rien ne se passe.

    Le ciel reste comme il a toujours été. Les arbres ne peuvent
    toujours pas grandir. Les oiseaux ne peuvent toujours pas
    voler. Il n'y a toujours pas de place pour les nuages et les
    adultes marchent toujours courbés en regardant leurs pieds
    sans voir où ils vont.

    Le lendemain, les enfants recommencent avec des poteaux
    plus longs. Un, deux, trois, quatre...
    Un cri énorme retentit UUU-UHHHH ! Mais rien ne se passe.

    Le soir suivant, les enfants (qui sont persévérants) essayent
    encore. Ils prennent des poteaux encore plus longs.
    Un, deux, trois, quatre...
    Un cri énorme retentit UUU-UHHHH ! Mais rien ne se passe.

    Le quatrième soir, ils ont trouvé de très, très, très longs po-
    teaux, les plus longs qu'ils pouvaient trouver et ils se sont
    mis à compter. Un, deux, trois, quatre...
    Un cri énorme a retentit UUU-UHHHH ! Et le ciel s'est soulevé.

    Depuis ce jour, le ciel est à sa place.

    Les arbres peuvent pousser, les oiseaux peuvent voler
    sans se heurter aux troncs et aux branches. Les nuages
    ont de la place pour aller et venir et les hommes peuvent
    se tenir droit en regardant le ciel.

    Mais le plus merveilleux c'est que lorsque le soleil s'est
    couché la nuit suivante et qu'il a commencé à faire sombre,
    le ciel troué par les poteaux des enfants s'est mis à scintiller.
    Dans chaque trou, il y avait une étoile.

    La prochaine fois que vous regarderez le ciel, vous saurez
    que c'est grâce aux enfants que vous pouvez admirer un tel
    spectacle. Vous repenserez à cette histoire et vous saurez
    que c'était vrai...


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  • petite légende Québécoise...

    bonne lecture et bonne journée...

    bises de Véro...

    Rose Latulipe...

     

    Rose était la fille unique d'un dénommé Latulipe.  Celui-ci l'adorait, il tenait à elle comme à la prunelle de ses yeux.  Et, il va sans dire, Latulipe ne pouvait rien refuser à sa fille.

    Rose était une jolie brunette, mais un peu éventée.  Elle avait un amoureux nommé Gabriel, à qui elle était fiancée depuis peu.  On avait fixé le mariage à Pâques.  Rose aimait beaucoup les divertissements, si bien qu'un jour de Mardi gras, elle demanda à son père d'organiser une soirée de danse.  Celui-ci accepta, bien sûr, mais il fit promettre à Rose que tous les invités seraient partis à minuit car ce serait alors le Mercredi des Cendres.  Il pouvait être onze heures du soir, lorsque tout à coup, au milieu d'un cotillon, on frappa à la porte.  C'était un monsieur vêtu d'un superbe capot de chat sauvage.  Il demanda au maître de la maison la permission de se divertir un peu.

    -C'est trop d'honneur nous faire, avait dit Latulipe, dégrayez-vous, s'il vous plaît, nous allons faire dételer votre cheval. 
    On lui offrit de l'eau-de-vie.  L'inconnu n'eut pas l'air d'apprécier la boisson offerte.  Il fit une grimace  en l'avalant; car Latulipe, ayant manqué de bouteilles, avait vidé l'eau bénite de celle qu'il tenait à la main, et l'avait remplie d'alcool. 

    C'était un bel homme que cet étranger mais il avait quelque chose de sournois dans les yeux. 
    Il invita la belle Rose à danser et ne l'abandonna pas de la soirée.  Rose se laissa subjuguer par cet élégant jeune homme habillé de velours noir.  Elle était la reine du bal. 

    Quant au pauvre Gabriel, renfrogné dans un coin, ne paraissait pas manger son avoine de trop bon appétit.

    Une vieille tante, assise dans sa berceuse, observait la scène en disant son chapelet.  À un certain moment, elle fit signe à Rose qu'elle voulait lui parler. 

    -Écoute, ma fille, lui dit-elle; je n'aime pas beaucoup ce monsieur, sois prudente.  Quand il me regarde avec mon chapelet, ses yeux semblent lancer des éclairs.

    -Allons, ma tante, dit Rose, continuez votre chapelet, et laissez les gens du monde s'amuser.

    Minuit sonna.  On oublia le Mercredi des Cendres.

    -Encore une petite danse, dit l'étranger.

    -Belle Rose, vous êtes si jolie, je vous veux. Soyez à moi pour toujours?

    -Eh bien! oui, répondit-elle, un peu étourdiment.

    -Donnez-moi votre main, dit-il, comme sceau de votre promesse.

    Quand Rose lui présenta sa main, elle la retira aussitôt en poussant un petit cri, car elle s'était senti piquer; elle devint très pâle et dut abandonner la danse. 

    Mais l'étranger, continuait ses galanteries auprès de la belle.  Il lui offrit même un superbe collier en perles et en or: «Ôtez votre collier de verre, belle rose, et acceptez, pour l'amour de moi, ce collier de vraies perles.»  Or, à ce collier de verre pendait une petite croix, et la pauvre fille refusait de l'ôter.

    Pendant ce temps, deux jeunes gens qui étaient allés s'occuper du cheval de l'étranger avaient remarqué de bien étranges phénomènes.  Le bel étalon noir était certes, une bien belle bête mais pourquoi dégageait-il cette chaleur insupportable?  Toute la neige sous ses sabots avait fondu.  Ils rentrèrent donc et, discrètement, firent part à Latulipe de leurs observations

    Le curé, que Latulipe avait envoyé chercher, arriva; l'inconnu en tirant sur le fil du collier de verre de Rose l'avait rompu, et se préparait à saisir la pauvre fille, lorsque le curé, prompt comme l'éclair, s'écria d'une voix tonnante:

    -Que fais-tu ici, malheureux, parmi les chrétiens?

    -Cette jeune fille s'est donnée à moi et le sang qui a coulé de sa main est le sceau qui me l'attache pour toujours, répliqua Lucifer.

    -Retire-toi, Satan, s'écria le curé.  Il prononça des mots latins que personne ne comprit.  Le diable disparut aussitôt avec un bruit épouvantable en laissant une odeur de soufre dans la maison.
    ...
    Cinq ans après, une foule de curieux s'étaient réunis dans l'église, de grand matin, pour assister aux funérailles d'une religieuse.  Parmi l'assistance, un vieillard déplorait en sanglotant la mort d'une fille unique, et un jeune homme, en habit de deuil, faisait ses derniers adieux à celle qui fut autrefois sa fiancée: la malheureuse Rose Latulipe....

     


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  • en ce jour d'Automne, des légendes Amérindiennes...

    (les créas sont de moi)...

     

    je vous souhaite un Bel Automne...

    bises de Véro...

    Les couleurs d’automne (1ère légende)

    Envieux de la Petite Tortue, la gardienne du ciel, le Chevreuil désirait quitter la Grande Île et, plus que tout, il voulait avoir accès au grand ciel bleu. Pour réaliser son ambition, il consulta l’Oiseau-Tonnerre qui lui conseilla de monter au ciel en utilisant un arc-en-ciel. Alors, le Chevreuil attendit le printemps et, suite à la première pluie envoyée par (Hinon), il emprunta le chemin tracé par l’arc-en-ciel. Ainsi, il se retrouva rapidement au ciel où il fut libre de courir à sa guise.

    Au même moment, réunis en conseil, les animaux cherchèrent le Chevreuil. Le Loup fouilla les bois, alors que le Faucon scruta l’azur. C’est alors que tous virent le Chevreuil gambadant avec grande agilité. Les animaux décidèrent de se rendre au ciel en empruntant le pont de toutes les couleurs..

    L’Ours reprocha au Chevreuil de penser uniquement à lui et d’oublier tous les autres animaux de la Grande Île. Faisant fi de tout reproche, le Chevreuil provoqua l’Ours en duel. Le combat s’engagea sur le champ. Rapide comme l’éclair, le Chevreuil piqua l’Ours de ses bois pointus. L’Ours était mortellement atteint et le sang s’écoula avec abondance des plaies. Le sang ruissela jusque sur la Grande Île où les feuilles des arbres se teintèrent de la couleur du sang de l’animal.

    Depuis, à chaque année, lorsque revient l’automne, la nature commémore le combat du Chevreuil et de l’Ours et le feuillage des arbres devient rouge. C’est pourquoi, chez les Hurons-(Wendat), le nom divin du chevreuil est (DEHEYANTEH), ce qui signifie " celui pour lequel l’arc-en- ciel a fait un chemin de couleur ".

    Selon la tradition, les beautés de l’automne, lorsque la nature meurt, sont source de nostalgie pour les âmes des disparus qui se remémorent leur ancienne demeure terrestre. Même les dieux reviennent habiter la Grande Île, car l’automne est un temps pour l’esprit. En cette saison, les Pléiades, les étoiles les plus belles, quittent leur pays céleste pour venir habiter le ciel de la Grande Île.

    Les couleurs d’automne (2ème légende)

    Durant le mois des feuilles qui tombent, l’arbre qui donne le sucre devient couleur de sang. Nos ancêtres racontaient que, autrefois, les hommes et les animaux voyageaient librement entre la Grande Île sur le dos de la Grande Tortue et la Terre d’en Haut, le domaine de la Petite Tortue. Tous montaient et descendaient par l’arc-en-ciel, le pont de toutes les couleurs.

    Ici et là, les hommes et les animaux se promenaient et jouaient sans souci. Afin d’éviter les guerres et les querelles, le Grand Esprit leur avait enlevé la faim et la soif. Il faisait aussi durer les mois chauds toute l’année de sorte que les hommes n’avaient pas besoin de prendre aux animaux leur robe de fourrure. Sur l’île de la Grande Tortue ou sur la terre de la Petite Tortue, tout alla bien pendant un nombre incalculable de lunes, jusqu’au moment où Rat, chez qui loge depuis */Taoueskare/*, le mauvais frère, proposa de jouer à qui courrait le plus vite chez les animaux de la forêt.

    Sur l’île de la Grande Tortue ou sur la terre de la Petite Tortue, tout alla bien pendant un nombre incalculable de lunes, jusqu’au moment où Rat, chez qui loge depuis (Taoueskare), le mauvais frère, proposa de jouer à qui courrait le plus vite chez les animaux de la forêt.

    C’est ainsi que Élan, Cerf, Lièvre, Loup, Cougar et Caribou prirent le départ de la course , mais à la surprise générale, ce fut Lièvre qui se classa au premier rang. Il faut dire que Renard, pour jouer un vilain tour aux autres, avait fait placer les frères de Lièvre tout au long du parcours. Le dernier n’eut que quelques sauts à faire pour battre Cerf qui était loin devant ceux qui avait pris le départ.

    Dans cette course, Ours était juge et, comme il a la vue basse, il ne put distinguer un frère lièvre d’un autre. Il proclama donc vainqueur celui qui avait franchi la ligne d’arrivée. Cerf fut très fâché. Sans dire un mot, il quitta l’assemblée et, sans attendre les autres, il remonta vers la Terre d’en Haut par le pont de toutes les couleurs. Sa conduite déplut à Ours qui le suivit pour lui faire des remontrances. Au lieu de s’expliquer avec lui, Cerf hérissa les poils sur son dos et chargea son compagnon tête baissée. Ours se défendit de son mieux, mais il fut blessé à plusieurs endroits. Il aurait pu être tué si Loup, qui l’avait suivi, n’avait pas pris sa part et chassé Cerf.

    Poursuivi par Loup, qui est demeuré depuis son plus dangereux ennemi, Cerf se sauva et le sang d’Ours sur ses bois dégoulina sur les feuilles des arbres à sucre. Depuis, tous les ans, les feuilles prennent la couleur du premier sang versé sur la Terre.

    Ainsi l’a ordonné le Grand Esprit afin que les animaux se rappellent comment eux-mêmes mirent fin à la Grande Trêve et afin que les hommes profitent de cette leçon. Et pour punir Cerf, le Grand Esprit a aussi voulu que, lorsque les feuilles rouges sont tombées depuis deux lunes, Cerf perde aussi ses bois et soit livré sans défense à Loup.

    Création du monde

     

    Pendant fort longtemps, les Hurons-(Wendat) ont vécu de l’autre côté du ciel. Un jour, une jeune femme, nommée (Aataensic), creusait au pied d’un grand arbre à la recherche de racines pour guérir son mari malade.

    Par inadvertance, la jeune femme, qui était enceinte, perdit pied et tomba dans un trou du ciel. Deux Grandes Oies sauvages aperçurent la jeune fille dans sa chute vertigineuse. Déployant leurs ailes immenses, ils se précipitèrent vers la malheureuse et la sauvèrent in extremis d’une noyade certaine en la juchant sur leur dos.

    Ne sachant que faire, les Grandes Oies s’adressèrent à la Grande Tortue qui nageait dans cet océan des premiers âges. Reconnue entre tous pour sa sagesse, la Grande Tortue décida sur le champs de convoquer un conseil réunissant tous les animaux aquatiques dans le but de trouver une solution.

    S’adressant à eux, elle demanda aux animaux les plus valeureux de lui ramener quelques grains de terre des profondeurs de l’océan. Parmi les nageurs aguerris, la Loutre, le Rat Musqué et le Castor plongèrent tour à tour, mais tous les trois revinrent bredouille, complètement épuisés par l’effort, et rendirent l’âme aussitôt. La situation était désespérée.

    C’est alors que sous l’oeil amusé de plusieurs, le vieux Crapaud se porta volontaire et s’engouffra aussitôt vers les noirceurs de l’abîme. Longtemps après, alors que tous le croyaient disparu à jamais, le Crapaud refit surface avec quelques grains de terre dans la gueule.

    Cette terre fut, avec grands soins, déposée sur le dos de la Grande Tortue et, très rapidement, cette poignée de terre devint une île verdoyante d’une très grande dimension. La jeune fille s’établit sur cette île et donna naissance à son enfant. Cette île fut nommée (Wendake) et elle abrita désormais la nation huronne-(wendat). Depuis ce temps, lorsque la Grande Tortue bouge, la Terre se met à trembler.

     


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  • Une artiste...

    Pixie Cold...

    Bonne Journée...

    Bises de Véro...

    La parole est inutile, quand les yeux communiquent...

    Les premiers billets doux, sont ceux que les yeux lancent...

    Les yeux sont les fenêtres de l'âme...

    Les yeux sont toujours plus tendres que le coeur...

    Les caresses des yeux sont les plus adorables...

    On s'exprime mieux quand des yeux nous encouragent...

    Les femmes ont des yeux plus grands que les étoiles...

    Il y a des yeux qui recoivent la lumière, et il y a des yeux qui la donnent...


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  • petit Conte Bon Mardi...

    bises de Véro...

    La princesse des Glycines (conte de chine)…

    Lu-Lung est une toute petite cité, située au pied d'une très haute montagne, dans la Chine lointaine. La ville est tellement petite que tout le monde s'y connaît. Les maisons sont tellement proches les unes des autres, qu'en hiver, lorsqu'il gèle à pierre fendre, on a réellement l'impression qu'elles se protègent du froid les unes les autres.
    Dans la ville de Lu-Lung vit depuis très très longtemps une pauvre veuve. La femme a un fils. Un garçon superbe qu'elle a appelé Wang, le nom que portait déjà son grand-père. Dans la ville de Lu-Lung, personne n'est aussi fort ni aussi courageux que Wang. Sans rien en dire, toutes les femmes envient la pauvre veuve d'avoir un fils aussi fort et aussi courageux.
    Wang et sa mère mènent une vie paisiblement heureuse si ce n'est la présence dans la maison d'à côté de l'usurier Yu. Ils sont constamment ennuyés par lui. Le vieil homme est malade de jalousie devant la force et la jeunesse de Wang et il ne rate aucune occasion pour tourmenter le jeune homme et sa mère. Sans cesse, il leur fait des remarques désobligeantes. Bien sûr, c'est de la méchanceté gratuite mais au fil des jours, les remarques commencent à peser sur Wang et sa mère.

    Un soir alors que Wang est assis dans le jardin devant la maisonnette, Yu demande à la veuve :- -"Comment se fait-il que ton fils vive toujours chez toi ? Il me semblait que les jeunes de son âge étaient mariés depuis bien longtemps. Sans doute, les jeunes filles de Lu-Lung ne sont pas assez bien pour lui et il attend une princesse…"
    La veuve très digne le toise avant de lui répondre :
    - "Après tout, pourquoi pas ? Ton idée n'est pas si bête en somme. Wang est le jeune homme le plus beau et le plus courageux de toute la région. Une princesse ferait certainement une bonne affaire en l'épousant! "
    L'usurier se met à rire et dit :
    - "Dans ce cas, il risque d'attendre très longtemps. Dans la région, il n'y a pas de princesse!" mais fort en colère et dépité, il rentre chez lui en claquant la porte de son logis.
    La veuve se demande bien pourquoi un vieil homme peut être encore aussi méchant. S'il était plus gentil, il serait sans aucun doute plus heureux et tout le monde l'aimerait… Elle regarde son fils avec des yeux emplis de tendresse et lui dit :
    - "C'est vrai dans le fond ! Je suis certaine qu'une princesse serait très heureuse avec toi! "
    Wang sourit :
    - "Le voisin a raison : il n'y a pas de princesse dans la région. Et, puis, si j'en trouvais une, comment pourrions-nous l'accueillir dans cette petite maison?"
    Wang se lève et prend gentiment sa maman par l'épaule.
    -"Viens", dit-il, "Rentrons. Il est inutile de rêver. Jouons plutôt une part de dominos."

    Les années passent. Rien de bien important n'arrive dans la vie de Wang et de sa mère. Le garçon devient de plus en plus beau et de plus en plus fort, mais ne parle toujours pas de se marier. Sa mère est hantée par les paroles du vieil usurier et ne peut que soupirer. Il lui semble parfois que son fils attend vraiment une princesse qui accepte de l'épouser...

    Un jour, alors que Wang est en train d'étudier dans sa chambre, il entend un bruit inattendu. Il regarde vers la statuette de Bouddha qui trône dans la pièce et aussitôt, la porte s'ouvre et un délicieux, un enivrant, un subtil parfum de glycine envahit les lieux. Dans l'embrasure de la porte, se tient une très jeune femme. Elle porte un kimono de couleur mauve de la même couleur que ses yeux et que les rubans qui nouent ses longs cheveux noirs. A son cou, brille un collier de perles éclatantes et, sur ses mains très blanches, scintillent des saphirs et des diamants. Wang n'en croit pas ses yeux. Il pense qu'il rêve. Il doit être tombé endormi alors qu'il étudiait. Son imagination surexcitée lui joue un tour…

    La jeune femme s'avance vers lui et dit d'une voix cristalline :
    - "Non, Wang, tu ne rêves pas. Je suis la princesse de la Forêt des Glycines et je suis venue jusqu'ici pour te dire que je veux t'épouser."
    Gêné, le jeune homme ne sait pas quoi répondre. Il sent les murs de sa chambre qui se rétrécissent. Lui devient minuscule face à tant de beauté. Il regarde désespérément son mobilier sans valeur. Il ne possède même pas le moindre cadeau à offrir à la princesse en signe de bienvenue... La seule pièce de valeur qui lui appartient est le jeu de dominos en ivoire. C'est là sa seule richesse. Il le dépose aux pieds de la jolie visiteuse qui se met à battre des mains de joie en ouvrant la petite boîte laquée.

    "Tu aimes donc jouer aux dominos ?", demande-t-elle toute à la fois ravie et surprise et tout aussitôt, elle dispose les pièces sur la petite table et invite Wang à venir s'asseoir auprès d'elle pour disputer une partie.
    Le jeune homme, bon joueur, a bien du mal à se concentrer. Son regard est sans cesse attiré par sa trop belle partenaire!
    -"J'ai gagné! ", s'exclame celle-ci peu après en arborant un très large sourire. "Je dois reconnaître que je n'ai jamais affronté un aussi redoutable adversaire. Lorsque nous serons mariés, nous nous mesurerons chaque jour aux dominos! "
    - "Donc... ", balbutie Wang avec beaucoup d'efforts, "donc, vous parliez sérieusement lorsque vous disiez que vous vouliez m'épouser? "
    La princesse acquiesce en souriant et Wang ajoute d'un air désespéré :
    -"Mais où irons-nous habiter? Je n'ai pas d'argent pour acheter une maison! "
    La jeune femme claque des doigts et une servante entre et dépose aux pieds de Wang un coffret rempli de pièces en or.
    - "Tu devras attendre la prochaine pleine lune pour construire notre maison", lui dit la princesse. "A ce moment, je reviendrai pour célébrer nos noces. Aujourd'hui, je ne puis m'attarder davantage. "
    Wang ne peut détacher ses yeux du coffret et des pièces. Il ne voit pas la princesse suivie de sa servante qui quitte la pièce.
    Je dois avoir rêvé pense Wang en regardant autour de lui. Non, le coffret contenant les pièces d'or sont toujours devant lui et sa boîte de dominos a disparu.

    - "Maman!", crie Wang "Je vais épouser une vraie princesse! "
    Le jeune homme raconte à sa mère ce qui lui est arrivé.
    - "Mais tu as là un véritable trésor! " dit la veuve en contemplant le coffret. "Jamais je n'ai vu autant d'argent de ma vie. Tu pourras construire une splendide maison. Mais surtout obéit à la princesse : il ne faut pas commencer la maison avant la prochaine pleine lune ! "

    Wang est jeune. Il ne sait pas attendre et malgré les bons conseils de sa mère, il se rend en ville dès le lendemain matin et y prend rendez-vous avec le charpentier et le maçon en vue de construire une très belle demeure pour lui-même et pour sa future épouse.
    - "J'ai entendu raconter que ton fils va épouser une princesse", marmonne un soir l'usurier à la veuve. "Et où l'a-t-il donc trouvée? "
    Mais la veuve, pinçant les lèvres, ne répond pas.
    - "Soit, si tu ne veux rien dire, garde-le pour toi", jette Yu, dévoré par la curiosité. "Je me disais bien qu'il y avait quelque chose de louche dans tout cela. C'est comme pour cet argent avec lequel il fait construire cette grande maison. J'ai du mal à croire qu'il l'a gagné honnêtement! "
    - "Crois tout ce que tu veux", répond la mère de Wang.
    Et, sans plus regarder le vieil homme, elle rentre chez elle.

    Le temps passa encore. La construction de la nouvelle maison progresse. Un jour, un jeune voyageur porteur des couleurs impériales arriva en ville.
    - "Mon nom est Yang", dit-il après avoir été saluer Wang et sa mère. "J'ai appris que tu es un excellent joueur de dominos et je serais heureux de pouvoir me mesurer avec toi."
    Wang accepte l'invitation avec plaisir et se rend plusieurs soirs consécutifs à l'auberge pour jouer aux dominos avec l'étranger. Le cinquième soir, son nouvel ami l'accueille le visage triste :
    - "Il me faut m'en aller", dit-il "Comme souvenir, je désire te donner ceci. "
    Et le jeune homme tend à Wang une boite en bois de cèdre qui contient une coupe en argent, quelques baguettes en ivoire et une précieuse figurine de jade.

    Après le départ de Yang, Wang se sent désemparé. Sa maison est prête et il attend avec impatience l'arrivée de la princesse. Mais le seul nouveau venu dans la ville est un riche seigneur qui, avec sa suite, s'installe à l'auberge que Yang avait précédemment fréquentée.
    Le lendemain matin, Wang est réveillé de bonne heure par des éclats de voix : le noble seigneur a été dévalisé de tout ce qu'il possédait.
    - "J'ai vu le chef des voleurs", déclare une des voix.
    - "C'est Yang, le commandant de la garde impériale", ajouta une autre.
    - "Yang! Je le connais bien! ", renchérit le vieux Yu. "Je l'ai vu très souvent en compagnie de mon voisin Wang, celui qui est subitement devenu si riche."
    Peu après, le responsable de l'ordre surgit chez Wang pour y effectuer une perquisition. Et, lorsqu'il découvre le cadeau d'adieu de Yang, le malheureux est immédiatement emprisonné et accusé de complicité.
    - "Il est impossible que Yang soit un voleur! ", assure Wang lorsque le juge l'interroge. "Il portait les couleurs de l'empereur."
    Le juge se trouve bien embêté et ordonne que Wang soit transféré dans la capitale pour y être jugé.
    - "Mais vous, si vous l'avez accusé injustement", dit le juge à Yu, qui avait assisté à l'audience d'un air triomphant, "vous serez emprisonné à votre tour. "

    Le vieil usurier, soucieux de ne pas courir un tel risque, se hâte d'entrer en contact avec les quatre soldats chargés d'emmener Wang dans la capitale et, pour une poignée de pièces d'argent, ceux-ci lui promettent de tuer le jeune homme durant le trajet.
    La route qui conduit à la capitale traverse les montagnes et les ravins escarpés. Le chemin est long et les gardes auront bien l'occasion de faire disparaître le prisonnier. Au moment où ils s'apprêtent à pousser Wang dans un précipice, un énorme tigre surgit. Effrayés par le félin, deux des hommes reculent et tombent dans le ravin, tandis que les autres, sans demander leur reste, prennent leurs jambes à leur cou et s'enfuient !
    Wang est tombé lourdement sur le sol. Son front a heurté un rocher. Il reste là, étendu sans connaissance alors le tigre le saisit par la ceinture et l'emporte dans la forêt.

    C'est un parfum de glycines en fleurs qui pénètre dans ses narines, qui réveille Wang. Il ouvre les yeux et se trouve dans l'herbe, face à un magnifique palais de porcelaine, couvert de mauves corolles odorantes.
    A l'entrée du palais, se tient la jolie princesse. Mais son regard est dur. Wang veut aller vers elle, mais, d'un seul geste, elle lui fait comprendre de ne pas bouger et d'un ton sévère elle lui dit :
    - "Wang, tu ne m'as pas écoutée. Je t'avais demandé d'attendre la prochaine lune avant de construire notre maison. Maintenant, le malheur a fondu sur toi. Tu dois te rendre chez le juge, pour lui prouver ton innocence sinon tu ne pourras plus jamais trouver le repos. Par la suite, tu retourneras ensuite à Lu-Lung afin consoler ta pauvre mère qui est malade de chagrin depuis le jour où les soldats t'ont emmené! "
    Le jeune homme est anéanti. C'est vrai, il aurait dû attendre la pleine lune... Mais il était tellement impatient de la revoir et voilà qu'il l'a retrouvée et qu'elle le renvoie !
    - "Allons", dit-elle, "avant que tu ne partes, je vais te faire don d'un talisman. "
    Elle prend une corde qu'elle noue avec soin à la taille de Wang. Et avec douceur, elle ajoute :
    - "Les nœuds que j'ai fait dans cette corde sont magiques. En cas de besoin, il te suffit d'en défaire un et tu seras sauvé. Pars vite, maintenant! "
    Wang regarde tristement la princesse, désespéré de devoir la quitter. Dans un profond soupir, il s'en va vers la capitale.

    Le sentier qu'il prend monte et descend sans cesse. Plusieurs fois, il s'en faut de peu qu'il ne tombe en butant sur une pierre. Des branches lui fouettent le visage et, bientôt, il se met à pleuvoir. Wang poursuit courageusement sa route. La pensée de la jolie princesse lui donne sans cesse de nouvelles forces. Il a déjà parcouru une bonne partie du chemin, lorsqu'il débouche sur un plateau aride et désolé. La pluie ne tombe plus. Derrière les sombres nuages, il peut même apercevoir le soleil, dont les rayons éclairent sans l'égayer ce triste paysage. Seuls quelques arbres tordus rompent, çà et là, cette lugubre monotonie.
    Soudain, un nuage de poussière masque l'horizon. Portant la main au-dessus de ses yeux, Wang scrute le lointain. Très rapidement, le nuage se transforme en une armée de cavaliers armés jusqu'aux dents. Leurs armes scintillent sous le soleil. Ils arrivent à toute vitesse dans sa direction... "Que va-t-il m'arriver, maintenant? ", pense Wang tristement. "N'ai-je pas encore subi assez de malheurs? Ces hommes ont sûrement l'intention de m'attaquer. Lorsqu'ils s'apercevront que je ne porte aucun objet de valeur, ils me tueront probablement par dépit! "
    Il n'a plus le temps de s'enfuir et puis, où se serait-il caché? Il n'y a rien que du roc et de la pierre.
    Bientôt, les cavaliers sont devant lui. Le chef de la troupe s'approche à quelques mètres et Wang observe craintivement sa silhouette impressionnante, fièrement campée sur sa monture et soudain, il le reconnaît :
    - "Yang! ", crie-t-il. "Yang, mon ami, est-ce vraiment toi?"
    Il lui tend joyeusement la main pour le saluer. Un large sourire aux lèvres, Yang se pencha vers lui.
    - "Tu acceptes donc encore de me parler, Wang?", demande-t-il, tout content. "Tu ne refuses pas de serrer la main à un voleur de mon espèce? "
    - "Je n'ai jamais pu croire à un pareil mensonge", répond Wang.
    - "Alors, laisse-moi te conter comment tout cela est arrivé", dit Yang en serrant fermement la main du jeune homme en signe d'amitié. "Pendant des années, j'ai vécu, à la cour, en tant que commandant de la garde impériale, au sein d'un monde de faste et d'apparat. Mais aussi dans un monde méprisable, comme je l'ai découvert plus tard car la plupart des membres de la cour n'ont pas gagné leur fortune honnêtement.
    Pendant qu'ils parlent, les deux amis se tiennent toujours la main afin de se témoigner leur confiance. Puis, Yang descend de sa monture et tous les deux vont s'asseoir à l'écart. Yang poursuit :
    - "La richesse dont jouissent ces riches seigneurs, ils l'ont volée aux pauvres gens. Car ils l'ont obtenue en imposant de très lourdes amendes pour de petits délits et en exigeant d'importants fermages. "
    Wang acquiesce. Il connaît bien cette histoire... Depuis de longues années, la population vit opprimée à cause des cruelles mesures adoptées par les grands propriétaires terriens. De nombreux abus de cette espèce ont été commis dans les environs du Lu-Lung. Certains paysans, incapables de payer le fermage, envoient même leurs enfants mendier en ville.
    - "C'est pourquoi", poursuit Yang, après avoir fait signe à ses hommes de mettre pied à terre pour se reposer un instant, "j'ai décidé que tout cela devait changer. J'ai résolu de quitter la cour et de devenir l'un de ces pauvres. Mais cela ne suffisait pas. J'ai alors réuni autour de moi un groupe d'hommes qui pensaient comme moi. Ensemble, nous avons commencé à voler les riches, répartissant ensuite notre butin entre de misérables paysans. C'est ainsi que je suis devenu un voleur. "
    - "Et donc, ce noble, à Lu-Lung...", commença Wang.
    Mais son ami l'interrompt aussitôt :
    - "Voler ce noble faisait partie de mon projet. Il méritait bien une petite leçon! Car, dans la région d'où il venait, tous les paysans étaient complètement ruinés, tant les taxes qu'il leur imposait étaient élevées. En plus, les terres qu'il leur avait données en fermage étaient totalement incultes. Et, comble de malheur, le peu qu'elles produisaient venait d'être anéanti par les fortes pluies du printemps sans que lui-même veuille tenir compte de cette situation. Même lorsque les paysans lui demandaient un délai, il ne leur montrait aucune pitié! Tu comprends maintenant, pourquoi je lui ai dérobé ses biens? ", demande Yang.
    Wang acquiesce sans mot dire et son compagnon poursuivit :
    - "La prochaine fois que j'irai à Lu-Lung, ce sera pour Yu, l'usurier. Il est temps qu'il soit puni pour exiger des intérêts abusifs des malheureux qui, désespérés, ont recours à lui ou bien lui demandent de pouvoir différer un remboursement...Mais, toi-même, raconte-moi ce qui t'a conduit dans cette région inhospitalière."
    En soupirant, Wang commence à expliquer son histoire :
    - "Un serviteur du noble que tu as dépouillé t'a reconnu lorsque vous êtes entrés dans l'auberge, cette nuit-là. Et, l'usurier Yu, qui nous avait souvent vus ensemble, s'est servi de ce prétexte pour me causer une nouvelle fois des ennuis. Il s'était longtemps demandé comment j'avais bien pu obtenir de l'argent pour construire une maison, puisque ma mère et moi-même sommes pauvres, et il a saisi cette chance de me nuire, m'accusant sournoisement de complicité pour ce vol. "
    Wang s'arrête quelques instants pour avaler une gorgée du vin de riz que lui tend Yang. Il a la gorge sèche d'avoir tant marché et parlé. Puis, il enchaîne :
    - "Le responsable de l'ordre ne croyait pas que j'avais quelque chose à voir dans cette sombre histoire, mais il s'est vu obligé d'effectuer une perquisition chez moi et il a découvert dans ma maison tes beaux cadeaux. C'était la preuve de ma culpabilité et il m'a conduisit devant le juge. Evidemment, je lui ai raconté la vérité. Ce n'étaient que des présents et que je les avais acceptés sans faire la moindre objection, puisque je croyais que tu venais de la cour impériale. N'osant pas trancher, le juge a décidé de m'envoyer dans la capitale pour y être traduit en justice. Cependant, craignant que la lumière ne soit faite sur toute cette affaire, le vieux Yu a soudoyé les soldats chargés de me conduire en ville. Ces pauvres hommes, qui avaient bien besoin d'un peu d'argent supplémentaire, ont promis à l'usurier de se débarrasser de moi en cours de route. Seul le hasard a permis que je sois sauvé de la mort par un tigre, apparu au moment où ils voulaient me tuer. Et ce tigre m'a conduit auprès de la princesse des glycines, qui m'a ordonné de me rendre en ville pour prouver mon innocence. Voilà tout ! " dit Wang.
    Et il ajoute piteusement :
    - "Je ne l'ai pas écoutée et, maintenant, elle est fâchée contre moi. Ah! J'aurais dû attendre la pleine lune avant de commencer à construire notre maison ... "
    Yang a écouté attentivement le récit de son ami :
    - "Si je comprends bien", dit-il, "tu es donc en route pour la capitale, où tu seras jugé par le juge suprême. "
    Wang boit encore une gorgée de la bouteille de vin de riz pour se donner du courage.
    - "C'est bien cela", opine-t-il en se levant pour se remettre en route.
    Il tend la main pour prendre congé de Yang, mais celui-ci secoue la tête.
    - "Non, mon cher Wang", refuse-t-il paisiblement. "Je ne te laisserai pas partir comme cela. Un ami aussi fidèle que toi a droit à mon aide. Le voyage est encore long jusqu'à la ville et il est semé d'embûches! "
    Et c'est ainsi que Wang parcourt le reste du chemin sous la protection des hommes de son ami Yang, qui le suivent à quelque distance.

    Peu après, il atteint sans encombre la capitale et va aussitôt se présenter au palais de justice.
    - "Je suis Wang et je viens de Lu-Lung", déclare-t-il, une fois mis en présence du juge suprême. "Je suis venu jusqu'à vous pour prouver mon innocence. "
    - "Et où sont les soldats qui t'ont conduit ici? ", demanda le juge.
    - "Deux d'entre eux ont pris la fuite à la vue d'un tigre", explique Wang. "Et les deux autres sont tombés dans un ravin. "
    Comme le juge continue à le regarder d'un air interrogateur, Wang lui raconta toute son histoire.
    - "Tu veux me dire que tu es venu sans escorte et de ton plein gré? ", s'exclame le juge, étonné, lorsque Wang termine son récit. "Mais tu aurais pu facilement t'échapper! "
    Wang sourit :
    - "Je suis innocent", assura-t-il. "Mais il y a des gens qui affirment le contraire. Ils prétendent que je suis complice d'un vol. Et je n'ai nulle envie de passer pour un malhonnête. C'est pourquoi je suis venu jusqu'à vous. Je veux prouver ma bonne foi! "
    Tout en parlant ainsi, Wang joue machinalement avec la corde nouée à sa taille. Sans même s'en apercevoir, il défait un des nœuds.
    Au même moment, le juge suprême déclara :
    - "Même sans preuve, je suis convaincu de ton innocence, Wang. En effet, seul un homme à la conscience bien tranquille se présente de lui-même devant le juge sans y être contraint par la force. "
    Il va ensuite chercher un morceau de parchemin et écrit en termes choisis une déclaration attestant de l'innocence du prévenu.
    - "Et voilà! Tout est en ordre, Wang", conclut-il en lui serrant la main. "A partir de cet instant, tu es un homme libre. "
    Soulagé, Wang quitte le tribunal. A présent, il doit retourner à Lu-Lung pour rassurer sa mère qui l'attend à la maison. Et ensuite... Il ose à peine y penser, de peur que quelque chose tourne de nouveau mal. Mais il espère de tout son coeur qu'il pourra épouser la très jolie princesse des glycines!

    Serrant dans sa main la déclaration du juge, Wang entame le pénible voyage de retour. Plus il approche de sa petite ville natale, plus il marche allègrement. Il lui semble que toute fatigue l'abandonne ! Déjà, il aperçoit les premières maisons de Lu-Lung. Au milieu de celles-ci, se trouve celle de sa mère. A cette pensée, il se met à courir à perdre haleine, tant il a hâte de rentrer chez lui!
    - "Maman! ", crie-t-il en se précipitant dans l'humble demeure. " Je suis là! "
    La pauvre veuve a beaucoup maigri depuis le départ de son cher fils. Ses yeux sombres brillent fiévreusement dans sa figure pâle et ses mains tremblent. Mais, lorsqu'elle voit entrer Wang sain et sauf, un sourire rayonnant apparaît sur son visage aux traits fatigués et elle tend les bras pour accueillir son enfant bien-aimé.
    Puis, les premières effusions passées la veuve lui pose mille et une questions, auxquelles Wang répond patiemment, jusqu'à ce que l'heure de se coucher arrive. La mère et le fils se souhaitent tendrement le bonsoir.

    Mais, non loin de là, quelqu'un va, au contraire, passer une nuit fort agitée. C'est l'usurier Yu, brutalement tiré de son sommeil par une voix mystérieuse, qui lui dit :
    - "Donne-moi les clés de ton coffre. Et pas un mot si tu tiens à la vie! "
    Tremblant de tous ses membres, le vieillard remet le trousseau à Yang - car c'est lui qui a pénétré chez l'usurier avec ses hommes -et, quelques instants plus tard, Yu regarde d'un air furieux son coffre- fort complètement vide...
    Pendant ce temps, Wang dort paisiblement. Lorsqu'il se réveille, il aperçoit sa mère qui le contemple, un étrange sourire sur les lèvres.
    - "Il y a de la visite pour toi", annonce-t-elle.
    Au même moment, le jeune homme sent le parfum qu'il attendait tant, le doux parfum de glycine...
    Peu de temps après, les noces de Wang et de sa jolie princesse sont célébrées dans l'allégresse.

    Le temps passe.

    De cette heureuse union, naissent rapidement deux charmants enfants, qui ont les yeux mauves comme ceux de leur mère. Wang ne est tellement heureux qu'il ne peut imaginer qu'un tel bonheur soit possible Et par soir d'hiver, un triste soir d'hiver, le jeune homme, en revenant de son travail, voit sa femme qui l'attend sur le seuil de leur maison. Elle a revêtu le kimono qu'elle portait lors de leur première rencontre et qu'elle n'avait plus jamais remis depuis.
    Wang se doute une tragique certitude que quelque chose d'horrible, de grave, d'irréparable va se produire. Quelque chose d'inévitable qui va bouleverser sa vie...
    - "Nul bonheur ne peut jamais durer éternellement", dit la princesse, sans lui laisser le temps de parler. "Ma vie sur la Terre est terminée. Je suis obligée de te quitter, mais je ne t'oublierai pas. "
    L'instant d'après, elle disparaît emportant avec elle les enfants.
    - "Non! ", hurle Wang.
    Mais aucun son ne sort de sa bouche. Les larmes aux yeux, il regarde autour de lui. Et, soudain, par un miracle inexplicable et malgré le froid de l'hiver, partout, des glycines se mettent à fleurir. Les lourdes grappes sont du même mauve que les yeux de sa femme et de ses enfants... Et lorsqu'il pénètre dans sa maison, il découvre avec bonheur que le plafond de la véranda, lui aussi, est paré d'un somptueux manteau odorant!
    Wang malgré son immense chagrin sent que sa princesse tant aimée et ses chers enfants ne l'ont pas vraiment quitté, et que leur esprit et leur coeur demeurent à ses côtés. Et, dans chaque corolle, il voit briller leur tendre regard mauve, qui le suit et veille sur lui. Et il en est un peu consolé!


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