• Jeudi Rose...Légende de la Rose des Sables...

    La rose des Sables...

            

    C'est avec une petite légende que je vous retrouve aujourd'hui... en vous souhaitant un bon jeudi...

     

     

    bisous bisous les z'amis...

     

     


     

    La légende de la rose des Sables…

     

     

    Au début donc était le désert, et dans le désert étaient les hommes.

    Des hommes semblables au désert, fiers, courageux, au caractère trempé telle la lame des sabres…Des hommes d’honneur et d’amour, des hommes de fer et de miel...
    De tous ces hommes, les plus nobles, les plus intrépides étaient sans conteste les HOMMES DU SEL. Ceux-là partaient pour de longues semaines sur leurs méharis ; leurs caravanes s’étiraient dans le grand désert, par-delà les monts de l’Atlas, jusqu’au désert de sel. C’est là qu’on trouve le sel le plus pur, le plus blanc, le plus recherché. Les « hommes du sel » le détachaient par plaques qu’ils fixaient ensuite aux bâts des chameaux…Puis hommes et bêtes reprenaient la longue marche qui les ramenait vers le monde habité.

    Là, le sel était vendu. Et les nobles les plus titrés, les caïds les plus respectés l’achetaient, ce diamant des dunes dont l’éclat aveugle sous le grand soleil marocain.
    De tous les hommes du sel, le plus fameux était NOUR AL HASAN, Fils de Kassem ben Hillali, chef légendaire de caravan. Nour al Hasan était aimé et respecté de tous. Les pillards le redoutaient et quand il parlait chacun faisait silence. Sa caravane était réputée pour ramener les meilleures récoltes de sel, ce qui avait fait de lui un homme dont le nom était connu et honoré dans tout le Maghreb. Sous leurs voiles, les femmes admiraient en secret Nour al Hasan, car ses yeux d’obsidienne brillaient comme deux gouttes de lumière noire et son sourire faisait apparaître des dents éclatantes, dont la blancheur illuminait sa superbe barbe noire.

    Cette année-là, la récolte de sel avait été exceptionnelle, aussi Nour al Hasan décida-t-il d’aller offrir son meilleur sel à Moulay Rachid, roi de Mikenès et Commandeur des Croyants. Arrivé sous les remparts de la ville, il fit dresser les tentes et allumer les feux. Ensuite, coiffé de son meilleur chèche, drapé d’un manteau de la laine la plus fine et montant son plus beau cheval, il alla demander audience au roi.

    Comme il traversait la place du bazar, il dut se ranger pour laisser passer une litière escortée par la garde royale. Les gardes faisaient sonner de longues trompettes de cuivre et criaient « Faites place à la Perle du Désert ! Faites place à la Princesse FAIROUZ ! » Peu habitué à ce genre d’agitation, le cheval de Nour al Hasan fit mine de se cabrer. Excellent cavalier, celui-ci maîtrisa sans peine sa monture, mais cet arrêt soudain intrigua la princesse qui tira légèrement le rideau de la litière. Elle vit le noble fils des sables…Et Nour al Hasan reçut de plein fouet le regard de la princesse. Sous la mousseline rose du voile, les plus magnifiques yeux turquoise de tout l’Orient lui renvoyaient son image. Celle d’un homme que l’amour venait d’atteindre jusqu’à l’âme. Bouleversé, il tourna bride aussitôt et rejoignit son campement au grand galop…Comme on s’enfuit.

    Le lendemain, il se présenta au palais, se prosterna devant le Roi et offrit à celui-ci son meilleur sel. Enchanté par la brillance et l’extrême finesse de celui-ci, Moulay Rachid retint Nour al Hasan à dîner. Vers la fin du repas, le Roi se leva et déclara solennellement : « Nour al Hasan, je veux te faire honneur. Ton courage me plaît et tu m’as toujours servi fidèlement. Aussi je jure ici par le Prophète –que son Nom soit béni- de t’accorder le joyau le plus précieux que tu pourras trouver dans mon palais. »
    A ces mots, le cœur de Nour al Hasan bondit dans sa poitrine. Retenant à grand-peine son émotion, il s’inclina devant le Roi « Seigneur, dit-il, sois remercié pour ta générosité. Puisque tu le permets, je te demande ici le seul joyau dont la possession comblera mon cœur : une turquoise, la plus belle de ton royaume. »
    Moulay Rachid se récria : « Te moquerais-tu de moi, Nour al Hasan ? La plus belle turquoise même de mon royaume est de peu de valeur à côté des richesses que je possède…Demande-moi des diamants de l’Inde, ou des perles roses de la Perse… » Nour al Hasan insista « Seigneur, je sais qu’immense est ta générosité. La turquoise que j’ose te demander de m’accorder est plus précieuse que tous tes trésors réunis. Je te demande la turquoise la plus belle, la plus éclatante qui soit sous le ciel : je te demande la main de ta fille, la Princesse Fairouz.»

    Un silence glacé tomba sur l’assistance, car Moulay Rachid s’était levé d’un bond, la main sur la poignée de son cimeterre. Mais il se contint et éclata d’un rire formidable qui faisait trembler les pampilles des grands lustres vénitiens, razziés sur quelque galion en Méditerranée. Pourtant, seule la bouche du Roi riait car ses yeux jetaient des éclairs et chacun tremblait de l’entendre. « Rat du désert, fils d’un chacal ! » tonna-t-il enfin « As-tu bien eu l’audace de me demander de te donner ma fille en mariage ? Je vais te faire exécuter sur le champ pour cet outrage ! » Nour al Hasan se vit perdu. Mais l’amour donne tous les courages. Aussi se dressa-t-il fièrement face au Roi.
    « Seigneur, dit-il, n’as-tu pas donné ici ta parole, devant toute ta Cour et –qu’Il soit béni- par le Saint Nom du Prophète ? »

    Moulay Rachid ne pouvait renier son serment. Ravalant la colère qui grondait en lui, il se rassit lentement : « Je te l’ai déjà dit, Nour al Hasan : ton courage me plaît. Tant de bravoure mérite récompense. Soit…Ma fille sera ton épouse. Mais je te sais trop respectueux de nos traditions pour vouloir te soustraire à celle-ci…Tu n’ignores pas qu’un prétendant doit offrir un cadeau dont la valeur égale les mérites de la future épousée ? Bien ! Pour Fairouz, princesse royale et fille du Commandeur des Croyants, tu m’apporteras un cadeau rare et précieux, un cadeau qui n’aura pas son pareil dans le monde…. » Prêt à vendre tous ses biens pour acquérir ce cadeau sans prix, Nour al Hasan demanda « Et quelle est cette chose que tu désires, Seigneur ? »

    « Ecoute-moi…Ecoute-moi bien, Nour al Hasan …Voila : je veux que tu m’apportes UNE FLEUR DU DESERT….Une fleur NEE DU DESERT et QUI NE MEURE PAS PAR LE DESERT. Maintenant, va ! Et ne reparais pas devant mes yeux sans le présent que je t’ai demandé… »

    Nour al Hasan sortit du palais en titubant comme un homme ivre. Il était anéanti par le chagrin. Le roi l’avait cruellement joué. Homme du désert, il savait mieux que personne qu’il était impossible de trouver une telle fleur. Parfois, après une courte –et rare- ondée, quelques végétaux poussaient parmi les dunes. Parfois même ils fleurissaient…Mais quand le soleil passait au zénith, les fleurs mouraient. Nour al Hasan reprit le chemin des caravanes avec au cœur une plaie qui ne se refermerait pas.

     



     



     Les semaines, puis les mois passèrent. Moulay Rachid se félicitait de sa ruse. L’histoire avait fait le tour du Maroc portée par le vent et partout, les pères qui voulaient évincer un prétendant l’envoyaient à la quête de la mythique fleur du désert.

    Depuis ce jour funeste, Nour al Hasan avait changé. Plus jamais il ne se mêlait aux longs palabres autour du feu de camp. Il s’asseyait à l’écart, tourné vers Mikenès, et les yeux perdus sur l’horizon il restait là des heures durant. La nuit ne lui amenait aucun apaisement. Il veillait, suivait au firmament la lente marche des étoiles qui le mènerait vers un autre jour, aussi vide, aussi morne que celui qui venait de finir…La souffrance hurlait en lui plus fort que les chacals qui, dès la nuit tombée, rôdaient en bande autour du campement.
     


    Un soir qu’il songeait comme à l’accoutumée à son impossible amour, il lui sembla entendre une voix faible, presque un souffle et qui appelait à l’aide. « S’il vous plaît, sauvez-moi…. » Nour al Hasan se leva d’un bond « Qui es-tu, toi qui m’appelles à ton secours ? » « Mon nom est Sadok, le Porteur de Vérité, fils du Vent. Je suis un Djinn bienfaisant. Le noir Démon du Mensonge, qui me hait, m’a jeté à terre. Seul, je ne peux reprendre mon vol… » « Mais où es-tu, toi dont j’entends la voix mais que je ne puis voir ? » « Je suis partout et nulle part, dans chaque grain de sable sous tes pieds et autour de toi…S’il te plaît, rends-moi mon essor en éparpillant le sable aux quatre coins de l’horizon. Je reprendrai alors ma place sur les ailes du Vent… »

    Nour al Hasan n’hésita pas. Dénouant son chèche, il le remplit de sable, le fit tournoyer ainsi qu’une fronde et éparpilla le sable comme le Djinn le lui avait demandé. Aussitôt une brise douce et chaude l’environna tandis qu’une voix murmurait à son oreille « Sois remercié pour ta bonté. Dis-moi le nom de mon sauveur afin que je me souvienne à jamais de celui à qui je dois la liberté. « On m’appelle Nour al Hasan, et je suis… » " Chef de caravane, je le sais. Ton nom a été porté par tous les vents du désert…On parle de toi comme d’un homme juste et courageux. Mais on dit aussi que tu portes le poids d’une incommensurable tristesse…Dis-moi ton secret : peut-être pourrais-je t’aider ? »

    Comme l’eau jaillit d’une outre trop pleine, Nour al Hasan sentit déferler sa douleur. Il raconta son histoire au Djinn, sans trop d’espoir cependant. Quand enfin il se tut, Sadok lui dit « Vie pour vie…Aide pour aide…Retiens bien chacune de mes paroles, Nour al Hasan. Demain, lorsque le soleil commencera à descendre sur l’horizon, tu feras baraquer les méharis. Que tes hommes n’allument pas les feux ! Ne montez pas les tentes, mettez-vous à l’abri près des bêtes. Que personne ne lève les yeux sur Ceux qui traverseront les ténèbres ! Malheur à l’imprudent, car se lèveront tous mes frères, les Fils du Vent, et nos voix hurleront dans la nuit…Lorsque le jour se lèvera, va vers la première dune qui aura la forme parfaite d’un croissant. Creuse le sable, glorifie le nom d’Allah et….Souviens-toi de moi ! »


    Le lendemain au crépuscule, Nour al Hasan fit ainsi que le lui avait prescrit Sadok. La nuit tomba d’un coup, noire, épaisse…Le vent se leva avec une violence inaccoutumée, le sable tourbillonna et engloutit le campement. Il sembla aux hommes et aux bêtes que tous les démons de l’enfer étaient libérés. Longue fut la nuit….Enfin vint l’aube et avec elle le silence. Nour al Hasan et ses hommes secouèrent la gangue de sable qui les recouvrait. Les chameaux s’ébrouèrent. Nour al Hasan promena son regard alentour. Là, devant lui une dune formait un croissant parfait, le signe du Prophète. Il courut à elle et se mit à creuser le sable. Bientôt ses doigts rencontrèrent un objet dur, une pierre sans doute. Il allait la rejeter loin de lui lorsqu’il se ravisa : cette pierre n’avait pas le poli habituel des galets du désert. Il la regarda, elle était d’un brun étrange, légèrement rosé. Sur sa paume, elle brillait d’un éclat très doux et ses aspérités enroulées les unes aux autres avaient l’aspect des pétales d’une fleur, une fleur pétrifiée.

    Comme foudroyé, Nour al Hasan tomba à genoux : il regardait, fasciné, la fleur de pierre, la FLEUR NEE DU DESERT… Il se prosterna, adressa au Créateur de toutes choses une prière de reconnaissance et remercia Sadok dans le secret de son cœur.


    Puis il courut au campement, et sans même prendre le temps de harnacher, il sauta sur le dos de son cheval. L’animal, nommé le « Buveur de Vent » à cause de sa vitesse et de son endurance, partit comme une flèche. Les hommes de la caravane, voyant ainsi leur chef disparaître à leurs yeux, le crurent devenu fou. Nour al Hasan traversa le désert, emporté par le galop furieux de sa monture. Les rares témoins de cette folle chevauchée crurent voir passer un de ces djinns malins qui égarent les voyageurs et, se jetant face contre terre, implorèrent la protection d’Allah.

    Le « Buveur de Vent » galopait toujours….

    Enfin parurent les fins minarets de Mikenès. A la porte du palais, les gardes effarés ne purent interdire l’entrée à cette espèce de mendiant qui sauta de cheval, hagard, et se précipita vers la salle du trône. Moulay Rachid recevait ses conseillers…Soudain, un homme se rua au milieu d’eux et se jeta aux pieds du Roi. Ses vêtements étaient couverts de poussière mais ses yeux flamboyaient. Au milieu de sa barbe hirsute, saupoudrée de sable, son sourire éclatait et sa main tendait vers Moulay Rachid une pierre comme celui-ci n’en avait jamais vu…
    Enfin, l’homme parla… « Sois trois fois béni, toi et ta maison, Seigneur. Vois ! Je t’apporte ce présent que tu m’as demandé il y a bien longtemps…Reçois cette fleur du désert, née du désert et qui ne mourra pas par le désert…Reçois, Seigneur, LA ROSE DES SABLES ! »



    Les yeux agrandis par la stupeur, Moulay Rachid regardait la Rose des Sables sans oser y toucher. L’amour véritable avait triomphé de tous les obstacles, même de celui-là qui lui semblait infranchissable. Le Roi resta un long moment immobile et sans voix. Nour al Hasan avait mis un genou en terre et attendait le bon plaisir du Roi…

    Enfin, celui-ci parla : « Relève-toi, Nour al Hasan, ainsi qu’il sied à un Prince du Désert…Car en vérité, Prince tu es sinon par la naissance, du moins par la grandeur de ton âme et celle de ton amour. Je tiendrai ma parole…J’ordonne que dès ce soir soient préparées les noces de ma fille, la Princesse Fairouz et de Nour al Hasan ben Kassem. Et que le Prophète me pardonne d’avoir tenté de me dérober à une promesse faite en son Nom –qu’Il soit béni. »

    Ainsi donc le Prince du Désert épousa la Turquoise, Nour al Hasan épousa Fairouz.

    Allah le Miséricordieux leur accorda de nombreux enfants. Les fils furent aussi nobles et valeureux que leur père, les filles reçurent en partage la beauté et la douceur de leur mère. Lui et sa bien-aimée vécurent très vieux. Le Ciel, dans son infinie bonté, leur accorda la grâce de les rappeler à lui en même temps. On les emporta un soir au-delà des dunes, unis dans la mort comme ils l’avaient été dans la vie.

    Le chant des Fils du Vent les accompagnait et berçait leur grand sommeil.

    A LA FIN RESTA LE DESERT...

      

      


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