• De retour, après quelques jours de vacances, et avec moi je vous apporte quelques légendes en veutx-tu, en voilà...

    des légendes indiennes...

    bises de Véro

    bonne visite, et bonne journée...

    Comment l’oiseau tonnerre vint à exister…

    Il était une fois un grand faucon, le plus grand des faucons qui aient jamais vécu sur Terre. Il était si grand que ses ailes faisaient de l'ombre à deux wigwams quand il volait au-dessus d'un village. Heureusement pour les hommes, il était bon et aimable envers ceux qui l'approchaient.
    Outre qu'il était gros, ce faucon était également très puissant. Il pouvait chanter un chant spécial et tous les faucons qui étaient sur le territoire venaient tenir conseil avec lui. Un autre attrapait tous les nuages de pluie qui se trouvaient dans le voisinage et les amenait jusqu'à lui. On disait même qu'il avait un chant qui faisait sauter les souris et les lapins dans ses serres quand il tournoyait près de la terre. C'était un faucon qui avait un grand pouvoir.
    Ce faucon était si puissant que les Créatures du Tonnerre décidèrent un jour de lui donner un chant spécial qui, lorsqu'il le chanterait, lui permettrait de les amener jusqu'à lui. Elles lui dirent que pour chanter ce chant correctement, il devrait d'abord construire une hutte circulaire assez grande pour lui-même et tous les autres animaux qu'il voudrait inviter à l'écouter. Elles lui dirent qu'il devrait faire un autel circulaire d'une espèce particulière et y déposer des représentants des règnes minéral, végétal et animal. Elles lui dirent qu'il devrait remercier le Grand Esprit avant de chanter et se montrer reconnaissant envers les Créatures du Tonnerre qui partageaient leur pouvoir avec lui.

     

    Un été, il décida de chanter ce chant, aussi fit-il ce que lui avaient ordonné les Créatures du Tonnerre. Il invita quelques faucons, un aigle, deux corbeaux, un vautour, une orfraie à se joindre à lui dans le wigwam. Ils acceptèrent et quand le chant fut chanté et que les Créatures du Tonnerre furent venues, ils quittèrent tous le wigwam, sachant que le chant qu'ils avaient entendu leur avait conféré un pouvoir spécial.
    Le Grand Faucon avait accumulé des pouvoirs remarquables et un attouchement de ses ailes pouvait désormais guérir ses amis des plus graves blessures. Tout le pouvoir qu'il avait devint trop grand pour lui, si bien qu'au lieu de se souvenir de remercier chaque matin le Grand Esprit, il commença à s'enorgueillir et à chanter partout où il allait :"Je suis le plus puissant de tous les faucons. Je suis le grand Kaïk-Kaïk-Kaïk."
    Le Grand Esprit regardait le faucon et gardait patience, espérant qu'il se souviendrait. Mais il ne se souvint pas et devint de plus en plus orgueilleux.
    Un matin, il décida qu'il allait une fois encore chanter le chant des Créatures du Tonnerre de façon à obtenir encore plus de pouvoir. Il décida qu'il était si puissant qu'il n'avait pas besoin de prendre la peine de construire le wigwam et de faire les préparatifs qu'on lui avait recommandé de faire. Il ne se donna même pas la peine de remercier le Grand Esprit ou les Créatures du Tonnerre. Cette fois, il invita tous les oiseaux et tous les animaux afin qu'ils fussent les témoins de son pouvoir.
    Dans son nid, au sommet du plus grand arbre des environs, il se mit à chanter son chant. Il prenait un air avantageux et se vantait tant et plus tandis qu'approchaient les Créatures du Tonnerre. Soudain un éclair jaillit de l'un des nuages et se transforma en une boule de feu au moment où il touchait le bout de l'aile du Grand Faucon. Tout aussi soudainement, la boule de feu et le faucon disparurent avant qu'aucun des autres animaux fût touché. Tous ceux qui étaient là regardaient autour d'eux, n'en croyant pas leurs yeux.
    Le Grand Faucon se retrouva dans le ciel, devant le Grand Esprit. "Grand Faucon, dit le Grand Esprit, tu es devenu trop arrogant. Tu oublies de dire merci. Tu oublies les rituels que l'on t'a transmis. Puisque tu as offensé les Créatures du Tonnerre en abusant du présent qu'elles t'avaient fait, tu seras désormais leur serviteur. Tu resteras un grand et bel oiseau, mais tu ne pourras plus appeler le tonnerre. C'est lui qui t'appellera. Chaque fois que les Créatures du Tonnerre sortiront pour accomplir leur tâche, tu iras avec elles. Ainsi, ne tireras-tu pas vanité du regard des humains, tu seras toujours en partie caché derrière les nuages. Tu apparaîtras à certains comme une étrange formation nuageuse, et à d'autres comme une forme de flammes créée par l'éclair. Seuls ceux qui ont une très bonne vue te verront tel que tu es, l'oiseau de feu, l'Oiseau-Tonnerre. Va maintenant et sers ceux que tu as offensés jusqu'à ce que tu aies appris le plaisir qu'il y a à servir et à se souvenir de sa place dans l'univers."
    Et c'est ainsi que l'Oiseau-Tonnerre vient à exister.

     

    Comment les papillons apprirent à voler…

    Quand la Terre était jeune, aucun papillon ne volait ça et là dans les airs et n'illuminait les jours de printemps et d'été de leurs ailes portant les couleurs de l'arc-en-ciel. Il y avait des reptiles, qui furent les ancêtres des papillons, mais ils ne savaient pas voler ; ils ne savaient que ramper par terre. Ces reptiles étaient magnifiques, mais le plus souvent les humains, lorsqu'ils se déplaçaient, ne baissaient pas les yeux vers la terre, aussi ne voyaient-ils pas leur beauté.
    En ces temps-là, vivait une jeune femme qui s'appelait Fleur de Printemps et qui était une joie pour tous ceux qui la connaissaient. Elle avait toujours le sourire et un mot gentil à la bouche, et ses mains étaient semblables au printemps le plus frais pour ceux qui étaient atteints de fièvre ou de brûlures. Elle posait ses mains sur eux et la fièvre aussitôt quittait leur corps. Quand elle atteignit l'âge adulte, son pouvoir devint encore plus fort et, grâce à la vision qu'elle avait reçue, elle devint capable de guérir les gens de la plupart des maladies qui existaient alors.
    Dans sa vision, d'étranges et belles créatures volantes étaient venues à elle et lui avaient donné le pouvoir de l'arc-en-ciel qu'ils portaient avec eux. Chaque couleur de l'arc-en-ciel avait un pouvoir particulier de guérison que ces êtres volants lui révélèrent. Ils lui dirent que pendant sa vie elle serait capable de guérir et qu'au moment de sa mort elle libérerait dans les airs des pouvoirs de guérison qui resteraient pour toujours avec les hommes. Dans sa vision, il lui fut donné un nom : Celle-qui-tisse-dans-l'air-des-arcs-en-ciel.
    Tandis qu'elle avançait en âge, Celle-qui-tisse-dans-l'air-des-arcs-en-ciel continuait son travail de guérisseuse et dispensait sa gentillesse à tous ceux qu'elle rencontrait. Elle rencontra aussi un homme, un voyant, et elle le prit pour mari. Ils eurent ensemble deux enfants et les élevèrent pour qu'ils soient forts, sains et heureux. Les deux enfants avaient aussi certains pouvoirs de leurs parents et eux-mêmes devinrent plus tard des guérisseurs et des voyants.
    Tandis qu'elle vieillissait, le pouvoir de Celle-qui-tisse-dans-l'air-des-arcs-en-ciel grandit encore et tous ceux qui vivaient dans les environs de la région où elle habitait vinrent à elle avec leurs malades, lui demandant d'essayer de les guérir. Elle aidait ceux qu'elle pouvait aider. Mais l'effort de laisser passer en elle tout le pouvoir finit par l'épuiser et un jour elle sut que le moment de remplir la seconde partie de sa vision approchait. Tout au long de sa vie, elle avait remarqué que des reptiles magnifiquement colorés venaient toujours près d'elle quand elle s'asseyait par terre. Ils venaient contre sa main et essayaient de se frotter contre elle. Parfois l'un deux rampait le long de son bras et se mettait près de son oreille.
    Un jour qu'elle se reposait, un de ces reptiles vint jusqu'à son oreille. Elle lui parla, lui demandant si elle pourrait faire quelque chose pour lui, car elle avait remarqué que lui et ses frères et soeurs lui avaient toujours rendu service.
    "Ma soeur, dit Celui qui rampait, mon peuple a toujours été là pendant que tu guérissais, t'assistant grâce aux couleurs de l'arc-en-ciel que nous portons sur le corps. A présent que tu vas passer au monde de l'esprit, nous ne savons comment continuer à apporter aux hommes la guérison de ces couleurs. Nous sommes liés à la terre et les gens regardent trop rarement par terre pour pouvoir nous voir. Il nous semble que si nous pouvions voler, les hommes nous remarqueraient et souriraient des belles couleurs qu'ils verraient. Nous pourrions voler autour de ceux qui auraient besoin d'être guéris et laisserions les pouvoirs de nos couleurs leur donner la guérison qu'ils peuvent accepter. Peux-tu nous aider à voler ?" Celle-qui-tisse-dans-l'air-des-arcs-en-ciel promit d'essayer. Elle parla de cette conversation à son mari et lui demanda si des messages pourraient lui venir dans ses rêves.
    Le matin suivant il se réveilla, excité par le rêve qu'il avait fait. Quand il toucha doucement Celle-qui-tisse-dans-l'air-des-arcs-en-ciel pour le lui raconter, elle ne répondit pas. Il s'assit pour la regarder de plus près et il vit que sa femme était passée au monde des esprits pendant la nuit.
    Pendant qu'il priait pour son âme et faisait des préparatifs pour son enterrement, le rêve qu'il avait eu lui revint en mémoire et cela le réconforta. Quand le moment fut venu de porter Celle-qui-tisse-dans-l'air-des-arcs-en-ciel à la tombe où elle serait enterrée, il regarda sur sa couche et, l'attendant, se trouvait le reptile qu'il pensait y trouver. Il le ramassa avec précaution et l'emporta.
    Tandis que l'on mettait le corps de sa femme en terre et qu'on s'apprêtait à le recouvrir, il entendit le reptile qui disait : "Mets-moi sur son épaule à présent. Quand la terre sera sur nous, mon corps aussi mourra, mais mon esprit se mêlera à l'esprit de celle qui fut ta femme, et ensemble nous sortirons de terre en volant. Alors nous retournerons vers ceux de mon peuple et leur apprendrons à voler de façon à ce que se poursuive le travail de ton épouse. Elle m'attend. Pose-moi à présent."
    L'homme fit ce que le reptile lui avait dit et l'enterrement se poursuivit. Quand tous les autres furent partis, l'homme resta en arrière quelques instants. Il regarda la tombe, se souvenant de l'amour qu'il avait vécu. Soudain, de la tombe sortit en volant une créature qui avait sur ses ailes toutes les couleurs de l'arc-en-ciel. Elle vola vers lui et se posa sur son épaule.
    "Ne sois pas triste, mon époux. A présent ma vision s'est totalement réalisée, et ceux que j'aiderai désormais à enseigner apporteront toujours aux autres la bonté de coeur, la guérison et le bonheur. Quand ton heure viendra de te transformer en esprit, je t'attendrai et te rejoindrai."
    Quand l'homme changea de monde, quelques années plus tard, et fut enterré, ses enfants restèrent en arrière après que tous les autres s'en furent allés. Ils remarquèrent une de ces nouvelles créatures magnifiques qu'ils appelaient papillons, voletant près de la tombe. En quelques minutes un autre papillon d'égale beauté sorti en volant de la tombe de leur père, rejoignit celui qui attendait et, ensemble, ils volèrent vers le Nord, le lieu du renouveau.
    Depuis ce temps-là les papillons sont toujours avec les hommes, éclairant l'air et leur vie de leur beauté…

     

    Pourquoi certaines grenouilles quittèrent les eaux…

    Il y a fort longtemps, les grenouilles vivaient dans toutes les mares, les lacs et les rivières du monde, de la même manière qu'y vivent beaucoup d'entre elles aujourd'hui. Elles étaient heureuses, chantant leurs chants, assises sur leurs feuilles de nénuphar et pondant leurs oeufs qui devenaient des têtards puis, comme par magie, des grenouilles. C'était une bonne vie et la plupart des grenouilles étaient heureuses.
    Puis un jour l'un des chefs des grenouilles, qui s'appelait Ripid-do, ne se sentit plus satisfait. Chaque jour, depuis son nénuphar, il pouvait observer quelque chose dans le lointain. La chose qu'il voyait était grande, plus grande que tout ce qu'il avait vu jusqu'alors. C'était vert en haut, puis cela devenait blanc. Tandis qu'il regardait, de nombreux animaux y montaient, l'air affamé, et des heures plus tard ils s'en revenaient et ils avaient l'air repu. Il commença à se dégoûter des mouches, moustiques et nèpes qui constituaient son menu habituel.
    "Sur cet énorme chose, pensait-il, il doit y avoir des mets délicieux à manger. C'est pourquoi tous les animaux ont l'air si heureux et si repu quand ils en redescendent. Ce n'est pas juste que nous autre grenouilles devions demeurer dans cette mare à toujours nous contenter des mêmes choses. Je veux aller jusqu'à cette chose énorme et avoir quelques-unes des friandises dont ils se régalent chaque jour."
    Un jour, il appela un serpent qu'il vit ramper en bas de l'énorme chose et il lui demanda où il avait été et ce qu'il avait mangé.
    "Cette énorme chose, dit le serpent, est une montagne. En haut se trouvent les insectes d'eau les plus délicieux, les plus juteux et les plus gros que j'ai jamais mangés. Ici, les plus grosses mouches ont la taille de moucherons. Comme j'ai de la chance de pouvoir aller sur la montagne !"
    Ripid-do pensa à ce que lui avait dit le serpent et sentit l'eau lui venir à la bouche en évoquant les mets délicats que le serpent lui avait décrits. Il se mit à en parler à toutes les grenouilles qui l'entouraient. Il en fit une description si alléchante que toutes voulaient avoir la chance d'en goûter quelques-unes. Bientôt les grenouilles de la mare le racontèrent à celles de la mare voisine et ainsi la nouvelle se répandit-elle jusqu'à ce que toutes les grenouilles de toutes les mares, cours d'eau, lacs et rivières qui étaient autour de la montagne ne soient plus satisfaites de ce que le Grand Esprit leur avait donné.
    Finalement Ripid-do fit une suggestion audacieuse : "Amies grenouilles, proposa-t-il, puisque le Grand Esprit essaye de nous écarter de ce qu'il y a de mieux pour nous dans la vie, mettons-nous en route, grimpons sur cette montagne et oublions les lieux où nous vivons à présent."
    Quelques grenouilles acquiescèrent ; elles en étaient vraiment arrivées à croire que le Grand Esprit les oubliait ou les ignorait. D'autres pensaient que même si les autres insectes étaient plus gros, il leur serait difficile de vivre sur la montagne, hors de l'eau.
    "Vous êtes lâches, leur dit Ripid-do. Nous autres grenouilles pouvons vivre sur la terre ferme, nous pouvons tout faire. Ne passons-nous pas toute la journée assises sur les nénuphars, hors de l'eau ? Le Grand Esprit nous a dit que nous devons rester dans l'eau à seule fin de nous empêcher d'avoir ces bonnes choses qu'ont tous les autres animaux. Mettons-nous en route et montons sur la montagne."
    Après qu'il eut terminé son discours, et tandis que celui-ci était retransmis à toutes les autres grenouilles de toutes les autres mares, Ripid-do entendit une voix dans son esprit.
    "Petit frère, dit la voix, je vous ai donné tout ce dont vous avez besoin pour vivre bien. Ne soyez pas avides de ce qu'ont les autres animaux. Soyez heureux et chantez vos chants de remerciement pour les bonnes choses que vous avez. Et n'allez pas sur la montagne aujourd'hui car sinon les choses tourneront mal pour vous."
    Cela fit hésiter Ripid-do, mais il était si convaincu qu'il laissait passer quelque chose qu'il ignora l'avertissement du Grand Esprit. Bientôt lui et les grenouilles qui le suivaient partirent pour la montagne. Comme ils commençaient leur ascension, ils remarquèrent que tous les animaux qui montaient habituellement pour se nourrir étaient occupés à descendre en courant.
    "Les choses vont mal sur la montagne aujourd'hui, lui dit le serpent qui lui avait parlé auparavant. Retournez vers vos mares."
    Les grenouilles étaient déterminées. Ripid-do eut le sentiment que le Grand Esprit avait dit à tous les autres animaux d'agir de cette manière pour tromper les grenouilles, et que les animaux s'étaient mis d'accord parce qu'ils ne voulaient pas partager toute la nourriture qu'ils avaient avec l'armée des grenouilles qui avançait sur la montagne.
    Elles montèrent, cherchant les insectes délicieux qu'elle pensaient trouver. Certaines grenouilles trouvèrent effectivement quelques insectes et c'étaient les plus gros qu'elles aient jamais vus auparavant, et les plus délicieux. Mais la plupart des insectes aussi volaient par grands essaims vers le bas de la montagne. Tandis qu'elles continuaient à grimper, elles s'aperçurent que la neige blanche qui couvrait le sommet de la montagne fondait et que les torrents d'eau commençaient à dévaler les pentes. En voyant cela, quelques grenouilles prirent peur et elle voulurent s'en retourner, mais Ripid-do les trait de lâches et les somma de continuer. Bientôt aux torrents d'eau se mêla de la roche fondue et un immense nuage de vapeur commença à envelopper toutes les grenouilles, brûlant leur peau. "Ne retournez pas maintenant, frères et soeurs, criait Ripid-do. Si nous montrons au Grand Esprit que nous ne nous laissons pas intimider par ses ruses, tout ceci disparaîtra bientôt."
    Tel ne fut pas le cas. Cela devint pire tandis que continuait l'éruption volcanique. Ripid-do ne savait trop quoi faire. A la dernière minute, il réalisa qu'il avait mis beaucoup des siens en danger simplement parce qu'il pensait que ce qu'il voulait était plus important que ce que lui avait donné le Grand Esprit.
    "Grand Esprit, pria-t-il de toute sa force, je me sacrifierai avec bonheur si d'une manière ou d'une autre vous sauvez toutes les grenouilles qui me suivent. Il n'est pas juste qu'elles souffrent par ma faute. J'aurais dû écouter votre avertissement et les avertissements des autres animaux.
    Petit frère, entendit-il une voix dire à son oreille, je sauverai tous ceux qui te suivent, car ils ont à présent appris la leçon. Dis-leur de sauter dans la cascade que tu vois juste au-dessus. Elle les transportera sains et saufs jusqu'à leur mare, rivières et fleuves. Mais toi ne saute pas."
    Ripid-do fit ce qu'on lui disait. Bientôt, toutes les grenouilles étaient transportées par l'eau vers la sécurité. Ripid-do resta assis là tandis que la vapeur s'épaississait. Il attendait son sort, sachant qu'il avait mal agi. Soudain survint une bourrasque de vent qui l'emporta dans un arbre si haut sur la montagne que la vapeur ne l'atteignait pas. Il était sauf et il regardait le volcan s'apaiser.
    "Petit frère, entendit-il à nouveau, puisque tu désirais tant vivre sur la montagne, c'est là que tu demeureras désormais. Tu seras plus petit que tu n'étais auparavant et tu ne vivras plus dans l'eau. Les arbres seront ta maison et celle de tes enfants pour toutes les générations à venir."
    C'est ainsi que les grenouilles arboricoles, ces étranges parents terrestres des heureuses grenouilles aquatiques, vinrent à exister…

     

    Comment ours perdit sa queue...



    Dans le bon vieux temps, Ours avait une queue dont il était très fier. Elle était longue, noire, brillante et Ours l'agitait juste pour que les gens la regardent. Renard le remarqua. Renard, comme tout le monde sait, est un filou qui aime plus que tout berner les autres. Ainsi il décida de jouer un tour à Ours.
    C'était la période de l'année pendant laquelle Hatho, l'Esprit du Gel, balayait le pays, recouvrant les lacs de glace et frappant les arbres avec son gros marteau. Renard fit un trou dans la glace, tout près d'un endroit où Ours aimait marcher. Le temps qu'Ours arrive, des grosses truites et des perches grasses s' étaient rassemblées dans un grand cercle autour de Renard. Juste au moment où Ours allait demander à Renard ce qu'il faisait, Renard remua sa queue qu'il avait mis dans le trou et sortit une énorme truite.
    "Bonjour, mon frère" dit Renard. "Comment allez vous aujourd'hui ?"
    "Bonjour", répondit Ours, regardant le grand cercle plein de gros poissons. "Je vais bien, mon frère. Mais que fais-tu ?"
    "Je pêche", répondit Renard. "Veux-tu essayer ?"
    "Oh, oui", dit Ours, alors qu'il commençait à se pencher sur le trou de Renard.
    Mais Renard l'arrêta. "Attend, mon frère", dit-il, "cet endroit ne sera pas idéal. Comme tu peux le voir, j'ai déjà attrapé tous les poissons. Faisons un nouveau trou où tu pourras attraper plein de grosses truites."
    Ours accepta et il suivit Renard à un nouvel endroit, un endroit où, comme Renard le savait bien, le lac n'était pas assez profond pour attraper des poissons l'hiver; les poissons restant toujours dans les eaux profondes lorsque Hatho recouvrait leurs points d'eau. Ours regarda Renard faire le trou dans la glace, savourant à l'avance le poisson qu'il allait attraper. "Maintenant", dit Renard, "tu dois faire exactement ce que je te dis. Ne pense plus à aucun poisson. Ne pense même pas à une chanson ou les poissons t'entendront. Mets toi dos au trou et plonges y ta queue. Bientôt un poisson arrivera, agrippera ta queue et tu pourras alors le sortir de l'eau."
    Mais comment vais-je savoir si un poisson a agrippé ma queue puisque j'ai le dos tourné ? demanda Ours.
    "Je vais me cacher là-bas où les poissons ne peuvent pas me voir." dit Renard. "Dès qu'un poisson s'agrippera à ta queue, je crierais. Ensuite, tu tireras aussi fort que possible pour attraper ton poisson. Mais tu dois faire preuve de patience. Ne bouge pas jusqu'à ce que je te le dise."
    Ours hocha la tête, "Je vais faire ce que tu dis". Il s'assit près du trou, mit sa magnifique longue queue noire dans l'eau glacée et tourna le dos.
    Renard regarda pendant un moment pour s'assurer qu'Ours faisait bien ce qu'il lui avait dit et puis, très doucement, retourna furtivement chez lui et se coucha. Le lendemain matin il se réveilla et pensa à Ours. "Je me demande s'il est toujours là-bas" se dit Renard. "Je vais aller voir."
    Ainsi Renard retourna au lac gelé et que croyez-vous qu'il vit? Il vit comme une petite colline blanche au milieu de la glace. Il avait neigé pendant la nuit et Ours, qui s'était endormi en attendant que Renard lui dise de tirer se queue pour attraper un poisson, avait été entièrement recouvert. Et Ours ronflait. Il ronflait si fort que la glace tremblait. C'était si drôle que Renard éclata de rire. Mais alors qu'il riait, il décida qu'il était temps de réveiller pauvre Ours. Il se glissa très près de l'oreille d'Ours, pris une profonde inspiration, et puis s'écria : "Maintenant, Ours!!!"
    Ours se réveilla en sursaut et tira de toutes ses forces sur sa queue. Mais sa queue avait été prise dans la glace qui avait gelé pendant la nuit et alors qu'il la tirait, elle se cassa-"Crack"-juste comme çà. Ours se retourna pour voir le poisson qu'il avait attrapé et à la place il vit sa jolie queue coincée dans la glace.
    "Ohhh," grogna Ours, "ohhh, Renard. Je vais t'attraper pour çà." Mais Renard, bien que plié en deux de rire, était toujours plus rapide qu'Ours et il fit un bond et partit.
    C'est pourquoi même aujourd'hui les ours ont de petites queues et ils n'aiment pas les renards. Et si il vous arrive d' entendre un ours grogner, c'est probablement pour sa queue, parce qu'il se rappelle du tour que Renard lui a joué il y a longtemps

     

    Comment Buse eut ses plumes...



    Il y a très longtemps, les oiseaux n'avaient pas d'habits. Ils parlaient comme les gens, mais ils étaient timides et se cachaient. Un jour ils décidèrent de se réunir en conseil. " Nous devons aller voir le Créateur et lui demander des habits, " dit Aigle. Tous acceptèrent. Mais qui serait le messager?
    De nombreux oiseaux se portèrent volontaires. Mais ils choisirent finalement Buse. Il pouvait voler longtemps à cause de ses grandes ailes, monter plus haut que tous les autres oiseaux et donc se rapprocher plus facilement du soleil où le Créateur habitait. Tous les oiseaux brûlèrent du tabac et envoyèrent leurs prières au Créateur, puis Buse se mit en route. C'était un long voyage. Buse volait et volait. Il mangeait la nourriture qu'il avait emmenée et était toujours loin de l'endroit où vivait le Créateur.

    Il commença à avoir faim, si faim qu'il s'arrêta et mangea des poissons morts rejetés sur le rivage en dessous de lui. Ils étaient pourris et puaient. Mais sa faim était grande et il ne le remarqua pas.
    Il continua sa route. Maintenant il était près du soleil; il s'éleva encore plus. Le soleil dégageait une chaleur brûlante, mais il continua à s'élever. La peau de sa tête nue brûla à la chaleur du soleil, mais il arriva enfin à la maison du Créateur.
    "Je t'attendais ", dit le Créateur, "parce que j'ai entendu les prières des oiseaux. Je vais te donner des habits faits de belles plumes pour rapporter chez toi." Puis il montra à Buse les habits qu'il avait préparés. C'était très beau en effet. Il y avait autant de couleurs dans les plumes qu'il y en a dans un arc-en-ciel après la pluie, et les plumes brillaient tellement que Buse dû tourner les yeux.
    "Bon", dit le Créateur, " Je sais combien il t'a été dur de voler jusqu'à moi. Tu as le droit de choisir le premier ton costume de plumes. Mais souviens-toi, tu ne peux essayer chaque costume qu'une seule fois."
    Buse était très content. " Je dois choisir les plus belles plumes, " se dit-il. " Comme çà tout le monde les verra et se rappellera que c'est moi qui ait rapporté des habits aux oiseaux. "
    Il essaya un costume de plumes bleu clair et blanche avec une casquette désinvolte. "Non", dit-il en l'enlevant, "pas assez clair". Et ainsi ce costume fut pour Geai Bleu.
    Il essaya un autre costume d'un rouge brillant et noir avec une grande crête. "Non", dit-il, " le rouge ne me va pas." Ce costume fut donc pour Cardinal.
    Il essaya un autre costume gris et noir avec un gilet écarlate. Il fut de nouveau insatisfait, et ce costume fut pour Rouge-Gorge.
    Il enfila un costume aussi jaune que le soleil avec de magnifiques marquages foncés. "Trop de noir sur celui là", dit-il; et ce fut pour Chardonneret.
    Le Créateur regardait patiemment Buse qui essayait chaque costume. Aucun d'eux ne lui allait. Parfois les plumes étaient trop longues. Parfois elles ne l'étaient pas assez. Certaines étaient trop foncées, d'autres trop claires. Aucunes d'elles ne semblaient aller au messager de tous les oiseaux.
    Finalement Buse essaya un costume qui était trop petit pour lui. Tous les autres costumes s'élargissaient ou se rétrécissaient pour aller à l'oiseau qui le choisissait, mais ce dernier costume était trés serré. Buse l'étira. Finalement il réussit à le mettre. Il laissait ses pattes et son cou nus; et la peau rouge de son crâne chauve restait découverte. Il regarda le costume. C'était pas beau. Pas beau du tout. Les plumes étaient à peine colorées- juste un peu maronnasse. Elles n'étaient pas brillantes et belles comme les autres. Buse n'était pas content. " C'est le pire de tous" dit-il.
    Le Créateur sourit. "Buse", dit-il, " c'est le dernier costume. Ce sera désormais le tien."
    Et désormais vous pouvez voir Buse avec le costume qu'il a mérité. Il mange toujours des choses mortes depuis longtemps en raison de ce qu'il a mangé lors de son voyage vers le Créateur. Et bien que certains se moquent de son style, Buse se souvient toujours qu'il est le seul à avoir pu faire ce long voyage.
    Même dans son costume de plumes sales qui ne lui va pas, même avec son crâne brûlé par le soleil, il se souvient qu'il a été choisi pour être le messager des oiseaux. Lorsqu'il fait de nombreux cercles dans le ciel, il est près du Créateur. Alors, même dans son costume de plumes mal seyant, il est fier…

     

    Le lapin et la sorcière…

     Il y a longtemps, bien longtemps - personne ne sait vraiment combien de temps - le Lapin était un guerrier courageux et sans peur. Il s'était lié d'amitié avec Oeil qui marche, la sorcière. La sorcière et le Lapin passaient beaucoup de temps ensemble à jaser et à partager leurs expériences. Ils étaient des amis très proches.
    Un jour, alors qu'ils marchaient, ils s'arrêtèrent sur la piste pour se reposer. « J'ai soif », laissa échapper le Lapin. Oeil qui marche cueillit une feuille, souffla dessus et donna une gourde d'eau au Lapin. Le Lapin but avidement mais ne dit pas un seul mot. Puis, le Lapin dit: "J'ai faim". Oeil qui marche ramassa une pierre, souffla dessus et la changea en navet qu'elle donna à son ami. Le Lapin prit une bouchée, goûta, et mangea tout le navet avec appétit. Mais, une fois de plus, il ne dit pas un mot.
    Les deux amis continuèrent leur petit bonhomme de chemin sur la piste qui menait à la montagne. Alors qu'ils étaient presque rendus au sommet, le Lapin trébucha, tomba et roula jusqu'en bas. Quand Oeil qui marche le rejoignit, le Lapin avait bien piètre mine. Elle utilisa un de ses baumes magiques pour le délivrer de ses douleurs et rebouter ses os brisés. Le Lapin ne dit pas un mot.
    Plusieurs jours passèrent et Oeil qui marche se mit à chercher son ami. Elle chercha partout, mais il restait introuvable.À bout d'idées, Oeil qui marche arrêta ses recherches. Puis, elle croisa le Lapin tout à fait par hasard. "Lapin, pourquoi te caches-tu ? Pourquoi m'évites-tu ?" demanda la sorcière."Parce que j'ai peur de toi. J'ai peur de la magie", répondit le Lapin tout tremblant. "Laisse-moi tranquille!"
    "Eh bien!, répliqua Oeil qui marche, j'ai utilisé mes pouvoirs magiques pour te soulager et voilà que tu me tournes le dos et refuses mon amitié."
    "Je ne veux plus rien savoir de toi ni de tes pouvoirs", rétorqua le Lapin sans même porter attention aux larmes que ses propos suscitaient chez Oeil qui marche. "J'espère que je ne te retrouverai plus sur mon chemin et que je ne te reverrai jamais."
    "Lapin, dit Oeil qui marche, nous étions jusqu'à maintenant de bons amis et de vrais camarades, mais c'est tout à fait fini. Je pourrais bien te détruire sur-le champ, mais en souvenir du passé et des bons moments que nous avons partagés, je n'en ferai rien. Pourtant, je te jetterai un sort, à toi et à ceux de ta race. Dorénavant, vous parlerez tant et si bien de vos peurs qu'elles se réaliseront toutes. Poursuis ton chemin car les douces médecines qui nous liaient d'amitié sont rompues."
    Et depuis ce temps, le Lapin attire les objets de ses peurs. Il se promène en criant: "Aigle, j'ai peur de toi." Si l'Aigle ne l'entend pas, il crie plus fort: "Aigle, laisse moi tranquille!"
    L'Aigle, l'ayant enfin entendu, s'amène et n'en fait qu'une bouchée. Le Lapin appelle ainsi les lynx, les loups, les coyotes et même les serpents jusqu'à ce qu'ils viennent.Comme l'illustre cette histoire, les adeptes de la médecine du lapin ont si peur des maladies et des tragédies, qu'ils attirent ce qu'ils craignent afin d'en tirer des leçons. Le message est celui-ci : ce que vous craignez le plus, vous le vivrez…


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  • de belles images pour un peu d'évasion, en vous souhaitant une belle soirée...

    je m'absente quelques jours pour des petites vacances familiales...

    au plaisir de tous vous retrouver à mon retour...

    avec toute mon amitié, je vous souhaite de belles journées et de belles fêtes de Pâques...

    à bientôt...

    bises de Véro...


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  • Coucou, me revoici, avec d'autres légendes, ou plutôt des fables de la Chine Antique, un autre univers à découvrir,

    en vous souhaitant une belle journée...

    bises de Véro et bonne visite...

    LE PHENIX SCULPTE

    (Extrait de "Fables de la Chine Antique" de Feng Xuefeng)

    L'artisan Kong Shu était en train de sculpter un phénix. Il avait à peine ébauché l'aigrette et les pattes et n'avait pas encore ciselé le plumage. Quelqu'un dit en regardant le travail : "Cela ressemble à un hibou." Et un autre: "Ca rappelle plutôt un pélican."

    Chacun de rire et on s'accorda pour trouver cette sculpture affreuse et l'auteur sans talent.

    Lorsqu'il fut terminé, le phénix avait une surperbe aigrette émeraude qui se dressait, vaporeuse, au-dessus de sa tête. Ses pattes vermillons avaient des reflets éblouissants, ses plumes chatoyantes semblaient faites du brocart que tissent les nuages au coucher du soleil et sa gorge était couleur de feu. Un coup de pouce sur un ressort caché fit s'envoler avec un battement d'ailes l'oiseau mécanique, et trois jours durant, on le vit monter et descendre à travers les nuages.

    Tous ceux qui avaient critiqué Kong Shu ne tarissaient plus d'éloges sur son oeuvre merveilleuse et son talent prodigieux...

    LE COCHON A TETE BLANCHE

    (Extrait de "Fables de la Chine Antique" de Feng Xuefeng)

    Dans le pays du Liaodong, tous les cochons sont noirs. Cependant, un éleveur eut la surprise de voir sa truie mettre bas un cochon à tête blanche. Tous les habitants s'en émerveillèrent et tinrent la chose pour un prodige.

    L'éleveur, encouragé par l'admiration générale, voulut présenter son cochon à la cour impériale. Mais en arrivant dans la région du Hedong, il s'aperçut que là tous les cochons étaient à tête blanche…

    JOUER DE LA MUSIQUE POUR UNE VACHE

    (Extrait de "Fables de la Chine Antique" de Feng Xuefeng)

     

    Un jour, Kong Mingyi, le célèbre musicien, joua un morceau de musique classique devant une vache; celle-ci continua de brouter comme si de rien n'était. "Ce n'est pas qu'elle n'entend pas, c'est que ma musique ne l'intéresse pas" se dit le musicien. Il se mit alors à imiter sur son Sheng le vrombissement des mouches et le meuglement des petits veaux. Aussitôt la vache dressa l'oreille, balança sa queue et s'appprocha du musicien pour écouter jusqu'au bout cette musique qui, cette fois, lui disait quelque chose…

    LES RUSES DU CHASSEUR

    (Extrait de "Fables de la Chine Antique" de Feng Xuefeng)

    Le cerf craint le loup, le loup craint le tigre, et le tigre craint le grand ours, le plus féroce des animaux. Le crâne revouvert de longs poils semblables à une tignasse, marchant debout sur ses pattes de derrière, il est extraordinairement fort et s'attaque même à l'homme.

    Au sud de l'Etat de Chu vivait un chasseur qui, sur sa flûte de bambou, arrivait à imiter toutes sortes de cris d'animaux. Muni d'un arc et d'un petit pot de grès au fond duquel couvaient quelques braises, il se rendait dans la montagne et imitait l'appel du cerf. Croyant retrouver un de leurs frères, des cerfs arrivaient et le chasseur les tuait avec des flèches enflammées.

    Un jour, en l'entendant imiter le cri du cerf, un loup accourut. Le chasseur pris de frayeur lança un rugissement de tigre. Le loup s'enfuit, mais un tigre parut. Terrifié, l'homme imita le grognement du grand ours. Le tigre s'en fut, mais croyant rencontrer un de ses semblables, un ours énorme se présenta. Ne trouvant qu'un homme, il se jeta sur lui, le mit en pièces et le mangea.

    Aujourd'hui encore, ceux qui se servent d'artifices au lieu de compter sur leurs propres forces finissent toujours par s'attirer un destin semblable à celui du chasseur.

     


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