• terres indiennes, terres de légendes, aujourd'hui encore, je vous emmène dans un autre monde de légendes...

    bonne journée et bonne visite...

    bises de Véro...

    La jeune mère indienne… (texte trouvé sur le net, de Jocelyne Marque)

    Un rêve étrange avait réveillé Douce Fleur, cette nuit. Un de ces rêves que l'on ne peut chasser.Elle s'était éveillée, la gorge serrée, le cœur lourd. Voilà bien des lunes que son désir de bercer un enfant la tourmentait mais il semblait inaccessible, son ventre était comme un fruit desséché.
    Elle s'était vue en songe, désespérée devant une couche vide, inondant de ses larmes sesbeaux vêtements de mariage.Quand elle eut confié ses craintes au shaman, son visage soucieux fut son unique réponse.
    Douce Fleur comprit que jamais elle ne serait mère, jamais elle ne serait une vraie femme ! Poussée par le désespoir et la honte, elle s'enfuit à cheval, le plus loin possible du campement.Elle erra ainsi longtemps, au hasard, sans prêter attention au paysage rougeoyant qu'elle traversait. C'était la saison où les érables se parent de pourpre et flambent, sous un ciel pur. Puis, le corps meurtri par sa longue chevauchée, elle s'arrêta enfin, près d'un lac. Elle attacha son cheval à un arbre et prit la décision de se reposer un peu.
    Quel serait son avenir, à présent ? Elle l'ignorait.

    C'est à cet instant, dans ce lieu de paix, qu'elle se souvint des traditions ancestrales. Autrefois, les femmes partaient quatre soleils et quatre nuits, dans la forêt pour créer des liens avec la nature, avant de donner naissance à leur enfant.Elle se sentit alors plus calme. Elle devait se laisser guider par l'intuition de toutes ces femmes qui l'avaient précédée, mettre ses pas dans les leurs avec confiance. Le Grand Manitou ferait le reste !
    " Allume un feu. Il ne doit pas s'éteindre... " disaient des voix féminines.

    C'est donc ce qu'elle fit,obéissante, avec des branches mortes éparses. Puis une fois que ce fut fait, elle s'assit. La flamme montait très haut dans l'obscurité, rouge, jaune, vaillante.Et comme Douce Fleur lui offrait ses mains, elle parla : " Petite, ne perds pas espoir. Regarde ma force vive, je te la donne. "La flamme s'élança, grimpa en une immense gerbe crépitante, libre, et son chant était un long et interminable cri d'allégresse." Apprivoise le vent... " Douce Fleur laissa alors le vent caresser son visage. Elle ferma les yeux pour mieux l'écouter... Ne sois pas triste, je suis ton ami. Je marcherai à tes côtés, sans jamais te quitter. Je te caresserai si tendrement que tu oublieras tes souffrances. Je te consolerai si bien de mon souffle parfumé de fleurs fraîches que je sécherai tes pleurs.
    Les yeux de la jeune indienne brillaient maintenant d'espoir retrouvé. Elle n'était plus seulement une femme mais était le vent enjôleur, l'arbre pourpre, la flamme jaillissante. Elle était la terre, elle était le ciel. Elle était tout cela et encore plus.Elle était grande et forte. Elle était vivante et portait en elle la mémoire de ses ancêtres. Et comme elle était toute à sa prière avec Mère Nature, elle eut la sensation d'être observée.
    Elle aperçut alors, par delà le feu, le regard d'un loup. Douce Fleur, cependant, n'eut pas peur. " Invite le loup et s'il apparaît, il sera source de richesses et de fertilité... " Le grand Loup Blanc à l'épaisse fourrure la regardait paisiblement. Ses yeux magnifiques rayonnaient de bienveillance, de grands yeux couleur d'ambre clair, piquetés d'étoiles. Ils semblaient si compréhensifs que Douce Fleur sentit une paix extraordinaire l'envahir.

    A présent, elle ne serait plus seule avec ses chagrins !
    Le loup blanc vint s'asseoir près d'elle sans un bruit, tranquille, comme un ami fidèle. Elle sentit son odeur. C'était le parfum familier de son enfance, sucré et coloré, un parfum de lait maternel qui lui rappelait celui du tipi familial tanné et peint par sa mère, autrefois. Douce Fleur s'endormit, les yeux du loup rivés aux siens. Elle rêva de l'amour que lui avait donné
    ses parents et leur tendresse s'unit à celle de Loup Gris, son mari.

    Au matin, quand elle se réveilla, Loup Blanc s'en était allé mais son odeur flottait encore autour d'elle. Douce Fleur savait que ses pensées et son cœur en seraient désormais imprégnés à jamais.Elle se leva et s'étira. Le ciel était lumineux et le lac scintillait derrière les arbres Et comme elle caressait son cheval, elle sentit un frémissement joyeux dans son ventre. Elle comprit alors avec ravissement qu'un enfant s'était niché en secret au plus profond d'elle-même et réclamait son attention.

    C'était le cadeau de Loup Blanc....


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  • Coucou, une nouvelle semaine qui commence, sous le soleil chez moi...

    de nouvelles légendes à découvrir ou redécouvrir, d'autres horizons, avec des belle prières et legendes amérindiennes...

    bonne semaine et bonne visite...

    bises de Véro...

    Prières Amérindiennes…

    Quand je ne serai plus là, lâchez-moi !
    Laissez-moi partir
    Car j'ai tellement de choses à faire et à voir !
    Ne pleurez pas en pensant à moi !
    Soyez reconnaissants pour les belles années
    Pendant lesquelles je vous ai donné mon amour !
    Vous ne pouvez que deviner
    Le bonheur que vous m'avez apporté !
    Je vous remercie pour l'amour que chacun m'a démontré !
    Maintenant, il est temps pour moi de voyager seul.
    Pendant un court moment vous pouvez avoir de la peine.
    La confiance vous apportera réconfort et consolation.
    Nous ne serons séparés que pour quelques temps ! Laissez les souvenirs apaiser votre douleur ! Je ne suis pas loin et et la vie continue ! Si vous en avez besoin, appelez-moi et je viendrai !
    Même si vous ne pouvez me voir ou me toucher Je sera là,
    Et si vous écoutez votre coeur, vous sentirez clairement
    La douceur de l'amour que j'apporterai !
    Quand il sera temps pour vous de partir,
    Je serai là pour vous accueillir,
    Absent de mon corps, présent avec Dieu !
    N'allez pas sur ma tombe pour pleurer !
    Je ne suis pas là, je ne dors pas !
    Je suis les mille vents qui soufflent,
    Je suis le scintillement des cristaux de neige,

    Je suis la lumière qui traverse les champs de blé,
    Je suis la douce pluie d'automne,
    Je suis l'éveil des oiseaux dans le calme du matin,
    Je suis l'étoile qui brille dans la nuit !
    N'allez pas sur ma tombe pour pleurer
    Je ne suis pas là, je ne suis pas mort....

    O Grand Esprit,
    Dont j'entends la voix dans les vents
    Et dont le souffle donne vie à toutes choses,
    Écoute-moi.
    Je viens vers toi comme l'un de tes nombreux enfants

    Je suis faible...je suis petite...
    j'ai besoin de ta sagesse et de ta force.
    Laisse-moi marcher dans la beauté, et fais que mes yeux
    Aperçoivent toujours les rouges et pourpres couchers de soleil.

    Fais que mes mains respectent les choses que tu as créées.
    Et rends mes oreilles fines pour qu'elles puissent entendre ta voix.

    Fais-moi sage,
    De sorte que je puisse comprendre ce que tu as enseigné à mon peuple
    Et les leçons que tu as cachées dans chaque feuille et chaque rocher.

    Je te demande force et sagesse,
    Non pour être supérieure à mes frères
    Mais afin d'être capable de combattre mon plus grand ennemi, moi-même.

    Fais que je sois toujours prête
    À me présenter devant toi
    Avec des mains propres et un regard droit.
    Ainsi,
    Lorsque ma vie s'éteindra
    Comme s'éteint un Coucher de soleil
    Mon esprit pourra venir à toi sans honte .....

    LES DEUX LOUPS

    Une fable amérindienne d’un auteur inconnu

    qu’on raconte encore aujourd’hui

    le soir autour du Feu sacré.

     

    Un soir d’hiver, un vieil homme de la nation Cherokee se réchauffe doucement au coin du feu alors qu’entre brusquement Tempête-de-vent, son petit-fils. Il est de nouveau très en colère. Son jeune frère s’est montré encore injuste envers lui.

    - Il m'arrive aussi, parfois, dit le vieillard, de ressentir de la haine contre ceux qui se conduisent mal et surtout qui n’expriment aucun regret. Mais la haine m'épuise, et à bien y penser ne blesse pas celui qui s’est mal conduit envers moi. C'est comme avaler du poison et désirer que ton ennemi en meure. J'ai souvent combattu ce sentiment, car j’ai appris que la bataille entre deux frères, comme à l’intérieur d’une même nation, est toujours une bataille entre deux loups à l’intérieur de soi.

    Le premier est bon et ne fait aucun tort. Il vit en harmonie avec tout ce qui l'entoure  et ne s'offense pas lorsqu'il n'y a pas lieu de s'offenser. Il combat uniquement lorsque c'est juste de le faire, et il le fait de manière juste.

    Mais l'autre loup, hum…. celui-là est plein de colère. La plus petite chose le précipite dans des accès de rage. Il se bat contre n'importe qui, tout le temps et sans raison. Il est incapable de penser parce que sa colère et sa haine prennent toute la place. Il est désespérément en colère, et pourtant sa colère ne change rien.

    Et je peux t’avouer, Tempête-de-vent, qu’il m’est encore parfois difficile de vivre avec ces deux loups à l'intérieur de moi, parce que tous deux veulent avoir le dessus.

    Le petit-fils regarde attentivement et longuement son grand-père dans les yeux

    et demande :

    - Et lequel des deux loups va gagner, grand-père ?

    Le grand-père cherokee sourit et répond simplement :

    - Celui que je nourris...


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  • Bienvenue de nouveau en terre Bretonne, Terre de Légendes...

    en vous souhaitant une belle Journée...

    bises de Véro et Bonne Visite...

    Karennez-noz… (légende de Bretagne)… Les blanchisseuse de Nuit…

    Ce sont les êtres fantastiques les plus connus à travers les pays celtiques.

    En France et en haute Bretagne, on les appelle le plus souvent les Lavandières de nuit. Elles apparaisent dans les lavoirs, au bord des cours d'eau ou prés des ponts, où elles lavent leur linge ou les linceuls - parfois dégoulinants de sang - de ceux qui doivent bientôt mourir. C'est un funeste presage, qui prédit la mort de quelqu'un, parfois de mort violente. Quand elles tordent le linge pour l'éssorer, il en sort du sang.C'est durant les nuits de pleine lune qu'on a le plus de chance de les rencontrer.

    C'est avec les hommes que les Kannerezed-noz ont le plus souvent affaire. Les enfants non baptisés et les mères de famille semblent immunis's contre leur actions. C'est au passage d'un gué, d'un pont, que les hommes, se déplaçant de nuit, se trouvent par hasard en leur présence. La lavandière les prie alors de l'aider à tordre son linge. Il faut à ce moment prendre bien soin de tordre dans le même sens qu'elle ; autrement on a les mains prises dans le linge, puis brisées. Aussitôt la lavandière, aidée au besoin par ses compagnes, frappe sa victime, incapable de se défendre, avec des linges tordus, et l'on retrouve son cadavre le lendemain, les os rompus, prés du lavoire.

    Elles ressemblent au Banshee: de taille gigantesque et d'une maigreur effrayante, avec des dents énormes et les cheveux épars.
    Selon, la croyance populaire, ce sont des femmes expiant des péchés, comme celui d'avoir fait la lessive le dimanche, ou alors d'avoir utilisé une pierre à la place du savon usant le linge des pauvres, ou des femmes coupables d'infanticide.

    Selon les érudits, il s'agirait d'un aspect de l'ancienne déesse de la guerre, Badhbh, que le guerrier rencontrait sur le chemin de la bataille et qui présageait de la mort de celui-ci. On la voyait au bord d'un ruisseau, lavant les vêtements souillés de sang du futur mort, et lançant par trois fois son terrible cri.

    Source: Légendaire Celtique, de Divi Kervella.

     

    Extrait d’Anatole LE BRAZ, : La légende de la mort…

     

     

     

    L’intersigne du berceau…

     

    Marie Gouriou demeurait au village de Min-Guenn (la Pierre-Blanche), près de Paimpol. Son homme était à Islande, où il faisait la pêche.

     

       Ce soir-là, Marie Gouriou s'était couchée, après avoir placé sur le banc-tossel (le banc adossé au lit), tout contre son lit, le berceau où dormait son petit enfant.

     

       Elle était assoupie depuis quelque temps, lorsque dans son sommeil elle crut entendre l'enfant pleurer. Elle ouvrit les yeux, regarda.

     

       Jésus-ma-Doué : (Jésus mon Dieu!), la chambre était pleine de lumière et un homme, penché sur le berceau, berçait doucement le petit en lui chantant à mi-voix un refrain de matelot. L'homme avait rabattu sur son visage le capuchon de son ciré, en sorte qu'on ne pouvait distinguer ses traits.

     

       - Qui êtes-vous ? s'écria Marie Gouriou, épouvantée.

     

       L'homme leva la tête. La femme Gouriou reconnut son mari.

     

       - Comment ! tu es déjà de retour ?... Il n'y avait guère plus d'un mois qu'il était parti. Elle remarqua que ses habits ruisselaient, et cela sentait très fort l'eau de mer.

     

       - Prends donc garde, dit-elle, tu vas mouiller l'enfant... Attends, je vais allumer du feu.

       Elle avait déjà les deux jambes hors de son lit et s'apprêtait à passer son jupon. Mais la lumière étrange qui emplissait la maison s'évanouit aussitôt. Marie chercha à tâtons les allumettes, en frotta une, et constata que son mari n'était plus là.

     

       Elle ne devait plus le revoir. Le premier chasseur qui revint d'Islande lui apprit que le navire où s'était embarqué son homme s'était perdu corps et biens, la nuit même où Gouriou lui était apparu, penché sur le berceau de son fils.

     

     

    L’intersigne de la tête coupé…

     

    Une nuit que Barba Louarn, de Paimpol, était restée à filer jusqu'à une heure très tardive, elle s'endormit de fatigue sur sa tâche. Elle avait bien près de soixante-dix ans, la pauvre vieille !... Sa quenouille lui ayant échappé des mains et ayant fait du bruit en tombant sur le rouet, Barba se réveilla en sursaut. Elle ne fut pas peu surprise de voir toute la pièce éclairée d'une lumière blanche. Dans le milieu de la chambre, il y avait une table ronde où Barba avait coutume de déposer à mesure les écheveaux de lin qu'elle avait filés. Or, sur le tas d'écheveaux, elle vit une tête, une tête fraîchement coupée et d'où le sang dégouttait.

     

       Dans cette tête, elle reconnut celle de son fils, marin à bord d'un bâtiment de l'État.

     

       Les yeux étaient grands ouverts et la regardaient avec une inexprimable angoisse.

     

       - Mabic ! Mabic ! (Petiot ! Petiot !), s'écria-t-elle, en joignant les mains, que t'est-il arrivé, mon Dieu ? Sitôt que la vieille eut parlé ainsi, la tête roula sur la table et en fit le tour, par neuf fois.

     

       Puis elle reparut en haut du tas d'écheveaux.

     

       - Adieu, ma mère ! dit une voix.

     

       Barba Louarn se retrouva plongée dans l'obscurité. Des voisines la ramassèrent, le lendemain, évanouie, sur le plancher de la chambre.

     

       On apprit, à quelque temps de là, que cette même nuit, à cette même heure, son fils Yvon Louarn, second maître à bord du Redoutable, avait eu la tête détachée du tronc, dans une fausse manœuvre; et, comme c'était par gros temps, la tête avait roulé de-ci de-là sur le pont, avant qu'on eût pu la saisir au passage...

     


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  • C'est encore en bretagne que je vous emmène aujourd'hui... en vous souhaitant une belle journée...

    devezh mad...

    et gros breizhous...

    Pied d’Airain et main d’Argent…

       
     

    Les barbares : Huns, Alains, Saxons, au cours des IVème et Vème siècles, ravagèrent la péninsule armoricaine. Les habitants, pour échapper aux massacres, se retirèrent à l'intérieur du pays, laissant les côtes à peu près désertes sur une profondeur qui atteignait parfois vingt et trente lieues. Partout, dans la partie abandonnée du territoire, la nature reprit le dessus et le sol se couvrit de végétations.

    Tout au début du VIème siècle existait chez les Bretons insulaires un personnage issu de race royale, qui était très riche et possédait de nombreux serviteurs. Il s'appelait Iaun (Jean). En raison de la droiture de son caractère, on l'avait surnommé Reith, nom qui peut se traduire par la Loi ou par la Règle.



    Ayant appris que la plus grande partie de la Cornouaille armoricaine était redevenue, à la suite des invasions, une terre délaissée et sauvage, que les chevaux, le bétail, le gibier y vivaient en liberté, Iaun Reith fréta une grande flotte, traversa la mer et vint s'installer dans ce pays nouveau pour les siens et pour lui, qu'il mit en culture.

    La principauté, créée par Iaun Reith, passa successivement à son fils Daniel, puis aux deux fils de ce dernier, Méliau et Rivod. Autant Méliau était bon et aimé de son peuple, autant Rivod était ambitieux, cruel et redouté. Un jour, les deux frères eurent une discussion. Méliau soutenait l'équité, Rivod ne reculait pas devant l'injustice pour obtenir ce qu'il désirait. Comme Méliau lui présentait de justes remontrances, son frère s'emporta et, renouvelant l'acte de Caïn, le frappa brutalement jusqu'à ce que mort s'ensuivit.

    Méliau laissait un héritier légitime, son fils Mélar ou Méloir, âgé de sept ans.

    Rivod, en raison de l'extrême jeunesse de Mélar, obtint de gérer ses biens. Mais ce pouvoir temporaire ne suffisait pas à son ambition. Il voulait le pouvoir définitif. Il projeta d'abord pour l'obtenir d'assassiner son neveu ; puis une idée peut-être plus atroce encore lui vint à l'esprit. Il fit couper la main droite et le pied gauche de l'enfant. Celui-ci, du fait de cette mutilation, ne pourrait tenir un glaive, ni monter à cheval et deviendrait incapable de régner.

    L'assemblée nationale des barons de Cornouaille protesta contre cet acte abominable. Elle décida même de soustraire Mélar à Rivod et de le confier à l'abbé qui avait remplacé saint Corentin à la tête de son monastère. Elle n'osa cependant pas retirer le pouvoir au frère de Méliau.

    Mélar, dès qu'il fut instruit, alla demeurer chez l'un des barons, nommé Kérialtan, que l'assemblée chargea de son éducation militaire et mondaine. Un événement absolument merveilleux s'était produit. Les barons, après sa cruelle mutilation, avaient fait adapter à Mélar un pied d'airain et une main d'argent. Or, peu à peu, ces membres artificiels s'étaient assouplis, avaient crû, si bien que le jeune prince s'en servait comme s'ils eussent été naturels.


    L'incapacité physique n'existait donc plus et, Mélar, contrairement à ce qu'avait voulu son oncle, se trouvait en mesure de régner et de gouverner. Son amabilité et sa bonté, qui rappelaient celles de son père, lui valurent des partisans nombreux.

    Rivod sentit tout le danger de cette nouvelle situation. Il regretta de n'avoir pas suivi sa première inspiration et fait assassiner Mélar. Convaincu qu'il n'était pas trop tard cependant, il appela Kérialtan. Après lui avoir servi un repas fastueux, arrosé des meilleurs vins, il lui proposa de tuer son pupille, moyennant quoi il le comblerait de tous les biens.

    Kérialtan, honnête jusqu'alors, et qui même semblait aimer Mélar d'une affection vraiment paternelle, se laissa griser tout à la fois par les vins généreux et par les promesses de Rivod. Il accepta l'odieux marché, en posant cette condition :

    - Quand j'aurai apporté la tête de Mélar, je monterai sur la plus haute montagne de Cornouaille et tout le pays que verront mes yeux sera mien.

    Il en sera selon ton désir, acquiesça Rivod.

    En retournant chez lui, Kérialtan se rendit compte de l'abomination de sa conduite. Il confia à sa femme ce que lui avait proposé Rivod et laissa entendre qu'un tel crime rejaillirait certainement sur lui et sur les siens. Mais, au lieu d'être encouragé. dans l'idée d'un refus, Kérialtan trouva au contraire, auprès de sa compagne, l'excitation au crime..

    - Il faut, lui dit-elle, songer à l'avenir de nos enfants. Il n'est pas bon de désobéir aux princes. Va trouver Rivod. Dis-lui que tu acceptes définitivement ses propositions.

    Kérialtan, accompagné de son fils Justan, qu'il emmenait comme témoin, se rendit à nouveau chez Rivod. Il y demeura pendant une semaine à discuter, point par point, les conditions de l'odieux contrat.


    Pendant ce temps, la femme de Kérialtan était revenue à de meilleurs sentiments. A son tour, elle comprenait l'horreur du pacte sanguinaire que son mari et son fils allaient conclure. Prise d'un remords sincère et de pitié pour Mélar, qui était jeune, beau, affectueux, elle lui dit, sans spécifier lequel, qu'un danger le menaçait et elle l'emmena de l'autre côté des montagnes d'Arrhée, pour le mettre en sûreté chez l'un des plus puissants seigneurs du pays, le comte de Beuzit, dont le château s'élevait à quelque distance des lieux où se trouve la ville actuelle de Lanmeur.

    Quand Rivod apprit la fuite de Mélar et de la femme de Kérialtan, il montra une profonde colère et tomba dans une languissante tristesse. Il rappela son complice et lui dit qu'il se devait de remplir ses engagements. Kérialtan, qui avait entrevu une grosse fortune, ne voulait pas qu'elle lui échappât. Il se mit en quête de découvrir la retraite de Mélar. Ce ne fut pas chose très facile, car sa femme désirait, malgré tout, revoir les siens. Elle mit cependant comme condition que les projets criminels de Rivod seraient abandonnés. Kérialtan en fit le serment et, le jour de son arrivée, il se montra plein d'attentions pour Mélar. Celui-ci, ignorant que ceux qu'il regardait et aimait à l'égal d'un père et d'un frère avaient l'âme perverse, manifesta une joie profonde de les revoir. Pour leur prouver son affection, il demanda, selon la coutume de l'époque, à passer sa nuit avec eux.

    Mais la femme de Kérialtan doutait encore de la sincérité de son mari. De vagues craintes la hantaient. Elle s'opposa, pendant deux jours à ce que Mélar partageât sa couche. Le troisième jour, Mélar montra tant d'insistance, Kérialtan protesta de sa droiture avec tant d'apparente sincérité, que la pauvre femme, non sans trembler, finit par céder.

    Mélar s'allongea donc entre le père et le fils, et, plein de confiance en leur amour, il s'endormit tout heureux. La maison entière se trouva bientôt plongée dans le sommeil. Seuls Kérialtan et Justan restaient éveillés. Quand ils furent bien certains que personne ne les entendrait, ils quittèrent leur lit. Le père saisit une hache, le fils prit entre ses mains les bras de Mélar. La hache s'éleva et retomba. Le sang jaillit et la tête roula sur le sol " comme celle d'un agneau ".


    Le crime accompli, Justan ramassa la tête ensanglantée et la plaça dans un sac, pour la porter à Rivod. Mais il n'était pas facile de quitter le château de Beuzit sans attirer l'attention de ses habitants. Justan, au lieu de sortir par la porte qui était gardée, essaya, en s'aidant des aspérités, de descendre le Iong de la muraille. La nuit était profonde. Il ne put trouver les repères sur lesquels il comptait. Dès qu'il eut commencé sa descente, il se sentit perdu. Il voulut remonter au faite des remparts. Ses forces l'abandonnèrent et, d'une hauteur de plus de trente pieds, il roula au fond des douves, le corps broyé.

    Kérialtan trouva, le lendemain matin, le cadavre de son fils. A côté, dans le sac, gisait la tête de Mélar. Maîtrisant la douleur qu'il éprouvait de la perte de Justan, Kérialtan prit le sac et se rendit en courant chez Rivod, aux pieds duquel il jeta l'affreux trophée.

    - C'est bien, déclara le tyran. Tu vas recevoir le prix de notre marché. Rends-toi sur le mont Fruggy et, comme convenu, tout ce que tes yeux verront sera tien.

    Kérialtan escalade ha montagne. Il arrive bientôt au sommet. Il regarde autour de lui, mais il a l'impression, bien qu'il n'aperçoive aucune étoile, d'être en pleine nuit. Le soleil brillait cependant quand il partit de chez Rivod. Alors, il comprend ce qui lui arrive. Il ne connaîtra plus désormais la douce lumière du jour. Ses yeux sont éteints. Il est aveugle. Sa rage du crime commis et qui ne sera pas payé devient telle que le sang lui monte à la tête et que son coeur s'arrête de battre. Il tombe foudroyé.

    A quelques jours de là, Rivod expirait à son tour, au milieu des plus cruelles souffrances.

    Le cadavre de Mélair fut transporté dans l'église de Lanmeur où, pour recevoir son tombeau, on édifia la très belle crypte à trois nefs qui s'y voit encore

    .

      

      

    Les corsieres Bréhatins…

    Un corsaire n'est ni un pirate, ni un flibustier ; il est mandaté par son gouvernement pour faire la guerre de course aux bâtiments ennemis. Aussitôt la déclaration de guerre les plus hardis recevaient des lettres de marques délivrées par le ministère de la marine. De prestigieux corsaires armaient à Saint-Malo : Surcouf, Jean Bart, Duguay-Trouin... ; d'autres corsaires armaient à Paimpol et à Bréhat. Leurs  lougres agiles, armés à la course, attiraient de nombreux marins Bréhatins.

    Seul mouillage en eau profonde entre Brest et Saint-Malo, l'île de Bréhat occupe une position stratégique pour les corsaires. Par la position avancée de l'île sur la Manche, ils se trouvaient à proximité du lieu de leurs exploits : la course aux bâtiments anglais. Les corsaires Bréhatins étaient tenus de conduire leurs conquêtes au port de Paimpol où la répartition du produit faisait l'objet d'une décision du tribunal des prises.

    "En 1484, le corsaire Coatanlen d'origine Bréhatine à la suite d'une affaire où il avait fait prisonniers des marins de Bristol, quittait la Bretagne pour s'établir à Lisbonne. Il y rencontrait Christophe Colomb, lui révélait l'existence du nouveau monde et lui en indiquait la route." (Bibliothèque Nationale M.S. français 26.088. Pièce 86. O.L. Aubert, Bretagne touristique)

    La guerre maritime avec les Anglais, commencée sous Louis XIV, puis la guerre de l'Indépendance des Etats-Unis, enrichirent les corsaires Bréhatins ; pendant la seconde moitié du 17ème siècle et la première moitié du 18ème, Fleury, Lambert, Corouge, Le Brujon... , corsaires du roi, bâtirent sur Bréhat de grosses maisons de granit rose pour y installer leurs familles.

    Après la révolution, une nouvelle guerre avec les Anglais relance l'activité maritime des Bréhatins, qu'ils soient corsaires ou marins de la république, comme l'amiral Le Bozec (Pour plus de détails, consulter Bréhat, une île traversée par la révolution, de Jean-Luc et Marion LePache, 1991).

    La vie des corsaires était rude. Il arrivait qu'ils soient faits prisonniers par les Anglais qui les gardaient captifs sur des pontons. En 1815, les Anglais relâchèrent 78 Bréhatins, mousses et capitaines, capturés sur des bateaux corsaires.

    La course fut abolie au congrès de Paris en 1856, à l'instigation de l'Angleterre, la plus intéressée à sa suppression, et avec le consentement général des puissances, Etats-Unis et Espagne exceptés. (Ile de Bréhat, île des corsaires, Voegelin, 1996)

     

     

    Légende de Brehat…

    LES PETRIFIES DE BREHAT

     

    Mais les rochers du Pan racontent surtout le drame du comte Mériadec de Goëllo. Ses deux fils Gwill et Isselbert, fatigués d'attendre la mort de leur père, décidèrent de le tuer pour entrer en possession de son héritage.

    Mériadec eut vent du complot et put s'enfuir, mais ses fils le rejoignirent à la pointe du Pan, et accomplirent leur crime. Mais quand ils voulurent précipiter le corps de la falaise, ils sentirent leurs membres s'appesentir.

    Ils devinrent de pierre, ainsi que le corps du comte, et sont restés pétrifiés sur le vide, à jamais unis par la pétrification de leur père, dont le sang a teinté à jamais tous les rochers de Bréhat.

     

    Sur la colinne, les grandes pierres en postures humaines, que l'on dirait agenouillées, sont une curieuse adoration des bergers de l'île.

    En effet, un jour le fée du Pan reçut la visite d'une amie chère, une princesse des Eaux. La visiteuse était si belle que les pauvres bergers laissèrent vaguer leurs troupeaux pour se presser autour d'elle. Furent-ils trop pressants ? La fille des Eaux pria son amie de la délivrer de ses admirateurs, et la fée Pan les pétrifia comme ils étaient.

     

    Ainsi temoigneront-ils inlassablement de la fascinante beauté des sirènes ...


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  • aller soyons fou, en continuité de mon article d'hier, j'ai décidé que la semaine serait Bretonne ... alors encore des légendes de ma très belle Bretagne...

    bises de Véro...

    devezh mad (bonne journée)...

    et bonne visite...

    Les Ânes de Saint-Suliac…

    Quand, en vedette, on remonte la Rance dans la direction de Dinan, on aperçoit, sur la rive droite du fleuve le port et le village de Saint-Suliac que domine la haute tour quadrangulaire d'une église, dont certaines parties datent du xiii« siècle.

    Suliac, fondateur du monastère autour duquel s'est depuis développé le bourg qui porte son nom, était le fils de Bramail, roi du Pays de Galles. Il avait trois frères. Redoutant les honneurs et les charges du pouvoir, il décida d'entrer dans les ordres et suivit un abbé nommé Guimarch. Quand il apprit la décision de son fils, le père de Suliac entra dans une grande colère et dépêcha, avec mission de tuer Guimarch, trente hommes d'armes. Ceux-ci, à la demande de Suliac, épargnèrent l'abbé et finalement le roi Bramail s'inclina devant les désirs de son fils.

    Plus tard, Suliac devint à son tour abbé. L'un de ses frères qui avait succédé à son père étant mort, sa femme Hajarné perdit le pouvoir. Elle l'aurait conservé si Suliac avait consenti, pour l'épouser, à quitter les ordres. Il repoussa avec indignation une semblable proposition. Hajarné jura de se venger. Pour lui échapper, Suliac s'embarqua et vint aborder à l'embouchure de la Rance. Il remonta la rivière jusqu'au premier isthme qu'il rencontra et qui sépare l'anse Beauchet de l'étang fluvial dit la plaine de Saint-Suliac. Le seigneur du pays l'accueillit avec joie et lui donna, en tous biens, la presqu'ile de Montgarrot. Suliac et ses moines cultivèrent le pays, y semèrent du blé et y plantèrent de la vigne.

    La Rance, à cette époque, n'était pas aussi large qu'elle l'est aujourd'hui. On la traversait facilement à gué, au moment de la marée basse. En face du monastère de saint Suliac, sur la rive gauche, se trouvait le village de Rigourden, où les habitants faisaient l'élevage des ânes. Or, ces derniers avaient pris l'habitude, la nuit, de venir manger les récoltes du monastère. Suliac, à plusieurs reprises, adressa aux nocturnes visiteurs de justes remontrances. Ils n'en tinrent aucun compte. Ils se risquèrent même à franchir les enclos qui protégeaient les vignes de Montgarrot. Suliac, pour les punir, les rendit immobiles et leur retourna la tête. Quand les propriétaires de Rigourden virent que leurs ânes ne revenaient pas, ils se rendirent au monastère. On juge leur effarement d'apercevoir les baudets incapables « de se mouvoir ni de remuer non plus que s'ils eussent esté de marbre ou de bronze ».

    Mais Suliac n'était pas vindicatif. Il consentit à rendre aux animaux la liberté de leurs mouvements, à condition qu'ils ne traverseraient plus jamais la rivière. D'ailleurs, pour les en empêcher, il élargit la Rance et lui donna l'étendue qu'elle a maintenant devant Saint-Suliac....

    "Les larmes de Saint Sieu"

    Saint Sieu est le patron de Lancieux, petite station balnéaire entre Saint-Briac et Saint-Jacut-de-la-Mer. C'était un disciple de Saint-Brieuc.
    C'est par la mer que, de l'embouchure du Gouët, il s'était rendu à l'estuaire du ruisseau du Lastier pour établir son monastère. La veille du jour de la mort de Saint-Brieuc, il vit en songe celui-ci gravir les degrés d'une échelle qui touchait le ciel. Il prit en toute hâte le chemin du Champ du Rouvre et arriva pour recueillir le dernier souffle de son maître.
    Cette mort lui causa un profond chagrin et quand il revint à son monastère, en mémoire de celui qu'il ne cessait de regretter, il fit jaillir une fontaine du rocher. Cette source n'assèche jamais. Elle coule goutte à goutte, comme des larmes qui tombent.
    Saint Sieu avait bâti une église. Quand il mourut, ses paroissiens l'ensevelirent dans cette église. Le lendemain de son inhumation on trouva le corps au bord de la mer. Il en fut de même à plusieurs reprises. Les Lancieutains comprirent alors que leur saint patron voulait qu'une église fût édifiée à l'endroit même choisi par lui pour mourir. Quand on l'eut mis dans l'église neuve, il ne la quitta plus. ..

    Où la terre devient de l’or…

    Deux Bretons insulaires, le mari Glaudan et la femme Galoguen avaient vu leur barque séparée par la tempête de la flottille à laquelle ils appartenaient....
    Le vent s'étant calmé, ils vinrent échouer dans une anse de la côte du Léon, que l'on appelle aujourd'hui l'anse du Goulven, en bordure du territoire de la commune de Plouider (canton de Lesneven).

    La détresse des naufragés est grande. La côte, couverte de taillis épais, paraît habitée seulement par les fauves. A peine Galoguen a-t-elle mis le pied sur le sol armoricain, qu'elle se sent prise des douleurs de l'enfantement. Glaudan ne sait comment secourir sa femme. Fiévreuse, celle-ci réclame de l'eau. Seule la mer pourrait lui offrir son onde amère. Le mari désespéré se voit dans la nécessité d'abandonner son épouse pour aller à la découverte d'une source prochaine, mais il n'a aucun vase pour rapporter de l'eau. Il s'avance au milieu du taillis. Soudain, il aperçoit une chaumière, dressée à l'orée de la forêt, sur la falaise qui domine la mer. Il reprend espoir et frappe à la porte. Celle-ci s'ouvre. Un véritable sauvage apparaît. Glaudan implore une hospitalité qui lui est brutalement refusée. Tout au plus, l'homme consentit à indiquer à Glaudan un sentier qui conduit au ruisseau. Il lui prête aussi un vase. Mais Glaudan s'égare dans l'épaisseur du bois et ne parvient pas à joindre le ruisseau. Il tombe à genoux, supplie le ciel de venir à son aide, de secourir l'infortunée Galoguen.

    Après avoir marché toute une nuit et tout un jour, Glaudan, épuisé à son tour, se retrouve à l'endroit où il a laissé Galoguen. Celle-ci, en souriant, lui présente son fils qui est né, qu'elle allaite et auquel elle a donné le nom de Goulven. A ses côtés, une fontaine a jailli. Dieu a exaucé la prière de Glaudan. Cette fontaine se nomme toujours la fontaine de Saint-Goulven.

    Glaudan et Galoguen s'établirent à l'endroit même ' où était né leur fils. Et ceci se passait à l'aurore du vi-ème siècle.

    Quelques années Plus tard, un riche Breton s'intéressa à Goulven enfant. Il le fit instruire en vue de l'instaurer son héritier.

    Goulven dédaigne la fortune. Il préfère demeurer pauvre et habiter le désert. Sur la plage même où ses parents ont abordé, où il a vu le jour, il construit son pénity. Il n'a qu'un compagnon, nommé Maden. Tous deux travaillent avec acharnement pour défricher la forêt voisine. Ils ne s'arrêtent que pour prier et processionner autour de trois croix qu'ils ont eux-mêmes dressées. Le sol est devenu fertile grâce à leur labeur. Des émigrants s'établissent dans le « Minihy de SaintGoulven ». Goulven ne sort pas pour cela de sa solitude. Il ne parle à personne, sauf à un rude laboureur appelé Ioncor (nom qui existe encore en Bretagne sous la forme de Joncour) qui habite le vallon voisin de Plou Enéour.

    - Tu vas aller trouver loncor et tu lui diras qu'il te donne pour sceller notre amitié ce qui se trouvera sous sa main lorsque tu lui adresseras la parole.

    Quant à toi, quoi que te donne Ioncor, tu l'en remercieras. Tu reviendras ensuite, sans regarder, avant d'être de retour au pénity, ce que tu apportes.

    Maden arrive à Plou-Enéour. loncor conduit sa charrue et creuse un sillon. L'envoyé dit le but de sa visite. loncor veut satisfaire le désir de Goulven, mais il ne sait quoi lui remettre. Tout à coup, pris d'une idée subite, il se baisse, ramasse trois poignées de terre et les jette dans la tunique de Maden.

    Celui-ci, après avoir remercié Ioncor, reprend le chemin du pénity. Il a l'impression, à mesure qu'il avance, que ce qu'il emporte s'alourdit. il lui faut ralentir sa marche. Sa poitrine est oppressée et sa tunique risque de se déchirer. Enfin, à bout de forces, il arrive devant Goulven. A ce moment seulement il regarde le présent de Ioncor et s'aperçoit que les trois poignées de terre se sont changées en trois lingots d'or.

    Cette légende montre dans sa forme symbolique les bienfaits qui ont résulté pour l'Armorique de la venue des saints et des émigrés bretons, qui ont fait n sol fertile d'une terre inculte.

    Dans sa vieillesse, bien malgré lui, on fit de Gouiven un évêque. Le bruit du monde l'effraya. La crainte d'être retenu par ses ouailles l'incita à quitter clandestinement son pays de Léon et même la Bretagne. Il alla se cacher dans un coin perdu de l'évêché de Rennes et, dans le nouveau pénity qu'il se construisit, il recommença sa rude vie d'ascétisme et de prière...

    Le saut de Saint-Valay…

    VALAY, religieux de l'abbaye de Landevennec, avait établi son premier pénity tout proche de la capitale des Diablintes, qui est devenue, plus tard, la ville de Dinan.

    Un jour, il reprocha aux femmes du pays leur conduite qui laissait fort à désirer et leur mauvaise langue. Elles s'ameutèrent contre Valay et le chassèrent à coups de pierres. Il prit la fuite pour leur échapper. Les femmes s'élancèrent à sa poursuite. Elles couraient plus vite que lui et pensaient bien le rattraper quand il arriverait sur les hauteurs qui forment les parois de la vallée où coule la Rance. Mais, à leur grande surprise, elles virent Valay franchir d'un bond la vallée, pour aller retomber de l'autre côté du fleuve, sur un rocher où l'on montre encore la marque de ses pieds.

    Ne voulant plus retourner à Dinan, Valay établit son lann sur la rive droite de la Rance, lequel prit plus tard le nom de Lann-Valay....

    Le dragon de l'Elorn…

    Le dragon de l'Elorn…

    Les histoires de dragons, gardiens de trésors ou terreurs d'une région et qu'auraient vaincus les saints et les chevaliers, sont nombreux en Bretagne. Sans parler du Morault dont triompha Tristan, du dragon que Gildas enchaîna lors de son arrivée dans la presqu'île de Ruys ; de celui que combattit Arthur et que terrassa Efflam ; du monstre à neuf têtes, qui habitait la grotte de Saint-Marc à Belle-Isle-en-Mer ; des serpents que noyèrent Tugdual de Tréguier et Saint Pol de Léon, voici le récit type pourrait-on dire, d'un combat livré et d'une victoire remportée sur l'un de ces monstres sans doute imaginaires, mais qui pouvaient être aussi les derniers représentants des grands sauriens disparus.
    Deux chevaliers, Neventorius et Derrien, chevauchaient le long de la rivière de Dour-Doun, entre Pont-Christ et le château de Roch Morvan, dont les ruines imposantes se voient encore, à côté d'une délicieuse église, toute proche de la station même de la Roche-Maurice, un peu avant d'arriver à Landerneau.

    Tout à coup, Neventorius et Derrien aperçurent, entre les créneaux des tours, le seigneur de Roch-Morvan qui se nommait Elorn. Ils le virent enjamber le parapet et se précipiter dans la rivière qui coulait au pied même du rocher, sur lequel était bâti son castel. C'est depuis que cette rivière a changé son nom de Dour-Doun (eau profonde) pour celui d'Elorn.

    Les deux chevaliers, à toute bride, se portèrent au secours du malheureux seigneur. Ils le tirèrent, quelque peu blessé, hors de l'eau et le transportèrent dans sa demeure.

    Neventorius demanda à Elorn les causes de son acte désespéré et celui-ci lui répondit :

    - Sachez, chevalier, que tout près de chez moi gîte un épouvantable dragon qui dévore gens et bêtes. Dès que la faim le fait sortir de son repaire, il cause dans le pays des ravages irréparables. Or, le roi Bristokus, mon suzerain, a, par édit, décidé que, chaque mercredi, on demanderait au sort de choisir, parmi les seigneurs du Léon, celui qui devra envoyer un homme pour être dévoré par cette cruelle bête, ou y aller lui-même. Or, ce sort est tombé sur moi tant de fois que j'ai livré tout mon monde. Il ne reste plus que ma femme que voici et mon fils, Riek, ce petit enfant qu'elle tient entre ses bras, âgé seulement de deux ans, que le sort vient de désigner. Je préfère me noyer que de le livrer à une mort aussi terrible.
    Le seigneur Elorn était païen. Neventorius et Derrien lui promirent, s'il se convertissait et s'engageait à construire une église sur ses terres, qu'ils le délivreraient à tout jamais de son dangereux voisin. Elorn leur donna l'assurance qu'il se sentait tout prêt à partager leur foi.

    Les deux chevaliers se rendirent à la caverne du dragon. Ils lui firent, au nom du Christ, commandement de paraître. Le monstre sortit et son sifflement effroyable jeta l'épouvante parmi les assistants. Il était long de cinq toises et gros par le corps comme un cheval ; sa tête ressemblait à celle d'un coq gigantesque, son corps était cuirassé de dures écailles qui se hérissaient, sa gueule s'ouvrait si grande que, d'une seule bouchée, il avalait une brebis, ses yeux lançaient des éclairs qui tuaient les oiseaux et les enfants. A sa vue, Derrien mit pied à terre. Son cheval, pris de peur, s'échappa et courut à toute bride à travers le pays.
    Neventorius et Derrien, sans hésiter, s'avancèrent au devant du dragon qui, n'osant plus bouger, se laissa approcher et passer un licol. L'enfant Riek le prit alors par la bride et le conduisit au château.

    Les chevaliers et le comte Elorn se rendirent chez le roi Bristokus avec leur capture, puis à Tolente où habitait le prince Jugomus, et, enfin en un hâvre voisin où leur navire se trouvait à l'ancre. Là, ils commandèrent au dragon de se jeter à la mer. Ce qu'il fit. Depuis ce port s'est appelé Poulbeunzual, c'est-à-dire port où fut noyé la bête, nom qu'il porte encore, en la commune de Plounéour-Trez.
    Si les premiers habitants de la Bretagne qui débarquèrent d'outre-manche, s'établirent sur les côtes donnant lieu à toutes sortes de croyances et de récits fantastiques, beaucoup d'entre-eux gagnèrent également les terres, alors recouvertes d'une épaisse végétation. Ils baptisèrent l'endroit, Argoat, le pays des bois.

    En ce temps-là, Brocéliande, la forêt enchantée, témoin magnifique des hauts-faits du roi Arthur, de Merlin l'enchanteur, et de ses chevaliers de la table ronde, s'étendait encore de l'actuelle forêt du Cranou à la plus connue forêt de Paimpont mais ses glorieux habitants de jadis commençaient déjà à être remplacés dans le coeur des hommes par un nombre toujours croissant de saints aux miracles de nos jours toujours contés.

    C'est dans un voyage vers les légendes de ces contrées que le site An Arvorig vous propose dès à présent d'embarquer..

     


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